L'Europe de la radiologie se mobilise pour le dépistage du cancer du poumon par scanner low-dose
MERCREDI 10 MARS 2021
Comment les pays européens abordent-ils le dépistage du cancer du poumon par scanner low-dose ? La réponse se trouve dans un webinaire de l’ECR 2021 au cours duquel, après une présentation du Lung Cancer Screening Certification Project par le Pr Annemiek Snoeckx, plusieurs radiologues ont fait un point sur le développement de cette pratique dans leur pays. Nous nous sommes attardés sur la présentation du Pr Marie-Pierre Revel pour la France.

L’European Congress of Radiology (ECR) 2021 nous a proposé une intéressante visioconférence sur le développement du dépistage du cancer du poumon par scanner low dose en Europe.
Les déterminants d'une bonne campagne de dépistage du cancer du poumon par scanner low dose
Le Pr Annemiek Snoeckx, radiologue spécialisée dans les pathologies pulmonaires à l’Université d’Anvers (Belgique), a ouvert la session en énumérant les différents critères que doit satisfaire une campagne de dépistage du cancer du poumon par scanner low dose pour être pertinente, basés sur le Lung Cancer Screening Certification Project (LCSCP) établi par l’European Society of Thoracic Imaging (ESTI). Elle a évoqué tour à tour les critères d’éligibilité des participants, patients à haut risque, âgés de plus de 50 ans et fumeurs réguliers, mais sensés collaborer avec les professionnels de Santé pour cette campagne, les processus d’acquisition de l’image, par low-dose donc et bientôt par ultralow-dose, énoncés dans le LCSCP.
Les déterminants d’un bon dépistage dans ce cadre sont ensuite, d’après le Pr Snoeckx, une interprétation dispensée par un radiologue certifié et expérimenté, notamment dans l’évaluation du stade des nodules détectés et de leur volumétrie, un compte rendu structuré et une communication claire envers le patient, une approche pluridisciplinaire du processus (pneumologues, oncologistes, médecins nucléaires, radiothérapeutes, manipulateurs, etc.) et un protocole d’assurance qualité, entre autres. Avec comme critère incontournable : l’arrêt complet de la cigarette par le participant.
Avec l'étude CASCADE, les radiologues français évaluent la pertinence d'une campagne dédiée au cancer du poumon chez les femmes à risque
Ce webinaire a ensuite donné la parole à différents praticiens européens afin qu’ils décrivent l’état d’avancement des projets de campagnes de dépistage de ce type. Pour la France, c’est le Pr Marie-Pierre Revel (Hôpital Cochin, AP-HP) qui est intervenue pour présenter la mise en place d’une nouvelle étude à grande échelle dans quatre régions françaises réputées pour ne pas proposer le même niveau socio-économique à ses habitants (Paris, Rennes, Béthune et Grenoble). Dans un pays où les autorités médicales n’ont pas trouvé d’intérêt à cette pratique en 2016, évoquant de nombreux faux positifs et une faible réduction de la mortalité et où, récemment, l’Académie Nationale de Médecine s’est montrée tout à fait opposée à un quelconque dépistage organisé du cancer du poumon par scanner low dose, le Pr Revel et ses collègues font preuve d’une belle conviction et montre qu’ils ont de la suite dans les idées.
Cette étude française, appelée CASCADE (lung Cancer Screening Among french women by low-doSE CT) et financée par l’Institut du Cancer (INCa) et le Ministère des Solidarités et e la Santé, répond aux recommandations du LCSCP et s’inspire en partie de ce qui a été fait par nos voisins européens pour les projets NELSON (Belgique et Pays-Bas), MILD (Italie) et LUSI (Allemagne). Comme son nom l’indique, elle incluera 2 400 femmes asymptomatiques à risque de 50 à 74 ans qui auront au préalable consulté un pneumologue qui leur proposera notamment une aide à l’arrêt de la cigarette. Elle fera l’objet d’une double lecture par un radiologue certifié LCSCP et par un algorithme d’IA et seront évalués dans ce travail l’impact de l’IA dans la détection et la caractérisation des nodules, l’impact psychologique de ce dépistage sur le patient ou le nombre de comorbidités notamment.
Parmi les objectifs suivis par ce travail, citons la valeur prédictive positive (taux de faux positifs), qui semble, comme évoqué précédemment, le caillou dans la chaussure des autorités sanitaires françaises dans ce cadre. La formation des radiologues qui participeront à cette étude a débuté en janvier 2021 pour un début de la campagne en septembre 2021.
Bruno Benque avec ESR