Polypes de vésicule biliaire : Les recommandations de la SRU validées dans une étude
LUNDI 19 FéVRIER 2024
Dans une étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), 10 radiologues abdominaux ont évalué le processus de classification des polypes de vésicule biliaire recommandés par la SRU. Ce travail a validé ces recommandations ciblant le risque de chaque type de lésion ainsi que la prise en charge chirurgicale des patients.

Les polypes de la vésicule biliaire sont identifiés lors d’échographies abdominales, chez 3 à 6 % de la population générale. Bien qu'une grande majorité d'entre eux soient des polypes bénins non néoplasiques du cholestérol, jusqu'à 0,4 % des polypes mesurant plus de 10 mm seraient malins.
Les recommandations de la Society of Radiologists in Ultrasound pour la classification des polypes de la vésicule biliaire ne font pas l’unanimité
Les caractéristiques d'imagerie des polypes de la vésicule biliaire qui permettent une différenciation fiable entre les polypes non néoplasiques et les polypes néoplasiques ne sont pas établies, si bien que la prise en charge n’est pas optimale pour ces patients.
En 2022, le consensus de la conférence de la Society of Radiologists in Ultrasound (SRU) a publié des recommandations pour la stratification du risque de polypes de la vésicule biliaire à l'échographie, qui utilisent les caractéristiques morphologiques des polypes pour classer les polypes en trois catégories de risque : risque extrêmement faible, risque faible et risque indéterminé (la catégorie de risque la plus élevée). Les polypes à risque extrêmement faible, censés représenter une proportion substantielle de polypes détectés accidentellement, ne justifient aucune évaluation de suivi s’ils sont inférieurs à 9 mm, une échographie de suivi s’ils mesurent de 10 à 14 mm et une consultation chirurgicale s’ils sont supérieurs à 15 mm.
Une étude pour tenter de valider le protocole de classification et la prise en charge de ces lésions
Les polypes à faible risque ne justifient quant à eux aucune évaluation de suivi s’ils mesurent plus de 6 mm, une échographie de suivi de 7 à 9 mm, une échographie de suivi ou une consultation chirurgicale s’ils mesurent de 10 à 14 mm et une consultation chirurgicale au-dessus de 15 mm. Enfin, les polypes à risque indéterminé justifient une échographie de suivi en deçà de 6 mm et une consultation chirurgicale au-dessus de 7 mm. Ces recommandations du SRU ne font toutefois pas l’objet d’un consensus entre les radiologues sur l'application de l'algorithme pour la classification des catégories de risque ou pour l’aiguillage vers la consultation chirurgicale.
C’est pour essayer de trouver un accord inter-lecteur des radiologues que des chercheurs du Massachussetts General Hospital de Boston (USA) ont réalisé une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), pour valider l’application des recommandations de la conférence de consensus de la SRU pour la prise en charge des polypes de la vésicule biliaire découverts accidentellement à l’échographie.
« Les résultats de notre étude soutiennent la reproductibilité globale des recommandations de la Society of SRU, annonce le Dr A. Anderson, du département de radiologie du Massachusetts General Hospital. Néanmoins, les efforts devraient chercher à améliorer davantage la cohérence de la catégorisation du risque de polype par les radiologues."
Les recommandations de la SRU sont validées par ce travail d’évaluation
Le travail du Dr Anderson et de ses collègues a inclus 105 patients (âge médian, 52 ans ; 75 femmes, 27 hommes) présentant un polype de la vésicule biliaire à l'échographie - sans caractéristiques très suspectes d'une tumeur invasive ou maligne – et ayant fait l’objet d’une cholécystectomie- du 1er janvier 2003 au 1er janvier 2021 -. Dix radiologues abdominaux ont examiné de manière indépendante les examens échographiques et, en utilisant les recommandations de la SRU, ont évalué un polype par patient pour la catégorie de risque (extrêmement faible, faible, indéterminé) et une éventuelle recommandation de consultation chirurgicale. L’accord inter-lecteurs a été évalué entre cinq radiologues ayant moins de 5 ans d’expérience et cinq radiologues plus expérimentés. Les polypes ont été classés pathologiquement, néoplasiques ou non néoplasiques.
Parmi ces 10 radiologues abdominaux appliquant les recommandations du SRU de 2022, l'accord entre lecteurs pour l'attribution des catégories de risque était substantiel parmi tous les lecteurs (k = 0,710), les lecteurs moins expérimentés (k = 0,705) et les lecteurs plus expérimentés (k = 0,692). L’accord entre lecteurs pour les recommandations de consultation chirurgicale était substantiel parmi tous les lecteurs (k = 0,795) et les lecteurs plus expérimentés (k = 0,740), et presque parfait parmi les lecteurs moins expérimentés (k = 0,811).
Bruno Benque avec AJR