Identifier les zones de faible densité minérale osseuse lors d'un scanner cardiaque
MERCREDI 15 JUILLET 2020
Les examens de tomodensitométrie cardiaque effectués pour évaluer la santé cardiaque fournissent également un moyen efficace de dépister l'ostéoporose. Cette extrapolation pourrait accélérer le traitement des patients non diagnostiqués auparavant, selon une étude publiée dans Radiology.

L'ostéoporose affecte environ 200 millions de personnes dans le monde. La détection et le traitement précoces sont importants, car plusieurs classes de médicaments sont efficaces pour réduire le risque de fractures induites qui pèsent lourdement sur les victimes.
La tomodensitométrie comme moyen opportuniste de détecter l’ostéoporose
Un rapport de la National Osteoporosis Foundation américaine en 2019 a révélé que près de 20% des patients de Medicare sont décédés dans les 12 mois suivant une nouvelle fracture ostéoporotique. Les tests de densité minérale osseuse (DMO) peuvent diagnostiquer l'ostéoporose, mais le nombre de personnes qui subissent ces tests n'est pas optimal.
"L'ostéoporose est une maladie répandue, sous-diagnostiquée et traitable associée à une morbidité et à une mortalité accrues, précise l'auteure principale d’une étude parue dans la Revue Radiology, le Dr Josephine Therkildsen, de l'hôpital d’Herning (Danemark). Il existe un traitement anti-ostéoporotique efficace et il est donc impératif d'identifier les personnes présentant un taux de fracture plus élevé qui pourraient bénéficier d'un tel traitement." Le Dr. Therkildsen et ses collègues ont récemment examiné la tomodensitométrie (TDM) cardiaque comme un moyen opportuniste de dépister l'ostéoporose. Parce que le scanner cardiaque visualise également les vertèbres thoraciques, il est relativement facile d'ajouter un test de DMO à la procédure.
Une étude identifie 12% de patients à densité minérale osseuse vertébrale faible
L'étude a impliqué 1 487 participants qui ont subi une tomodensitométrie cardiaque pour évaluer une maladie cardiaque. Les participants ont également subi des tests de DMO de trois vertèbres thoraciques à l'aide d'un logiciel de TDM quantitative. Sur les 1 487 personnes de l'étude, 179 (12%) avaient une DMO très faible. Au cours d'un suivi d'un peu plus de trois ans en moyenne, 80 des participants, soit 5,3%, ont reçu un diagnostic de fracture. La fracture était liée à l'ostéoporose chez 31 des 80 personnes. L'association entre une DMO très faible et un taux de fracture plus élevé suggère fortement que la DMO de la colonne thoracique peut être utilisée pour guider les mesures de prévention de l'ostéoporose et les décisions de traitement, d’après les auteurs de l'étude.
Un dépistage opportuniste sans changer la pratique clinique
Selon le Dr Therkildsen, l'ajout de tests de DMO à la TDM cardiaque est réalisable et applicable en milieu clinique. Il n'ajoute pas de temps à l'examen et n'expose pas le patient à un rayonnement supplémentaire. "En fait, les progrès technologiques au fil du temps ont réduit la dose de rayonnement administrée au scanner cardiaque, poursuit-elle. Les mesures de la DMO peuvent être effectuées en utilisant des images TDM non injectées existantes tant qu'un système d'étalonnage approprié est assuré, la stabilité du scanner est surveillée en continu et des techniques d'acquisition d'imagerie systématiques sont mises en œuvre. Nous croyons que le dépistage opportuniste de la DMO à l'aide de la TDM de routine peut être effectué avec peu de changement par rapport à la pratique clinique normale et avec l'avantage d'identifier les personnes présentant un taux de fracture plus élevé."
Coupler ces recherches avec les facteurs de risque cliniques
Bien que les chercheurs aient utilisé des images TDM cardiaques dans l'étude, en théorie, tous les examens scanographiques qui incluent une vue des structures osseuses pertinentes pourraient être utilisées pour mesurer la DMO. Le développement d'un logiciel entièrement automatisé pour ces mesures spécifiques améliore encore l'adaptabilité et la commodité de cette approche. Des recherches supplémentaires aideront à déterminer les valeurs minimales de la DMO pour le traitement tout en fournissant plus de données sur le risque de fracture en fonction du sexe et des zones du corps. L'impact des facteurs de risque cliniques en combinaison avec la DMO mesurée par TDM pour l'évaluation du risque de fracture pourrait faire l’objet également d'une étude plus approfondie.
"Notre groupe de recherche se consacre à étendre le champ d’étude, car nous pensons qu'elle devrait être ajoutée à la pratique clinique", conclut le Dr Therkildsen.
Bruno Benque avec RSNA