L'IRM classique pour identifier les lésions cognitives cérébrales
JEUDI 08 SEPTEMBRE 2016
Bien que les recherches récentes s'engagent dans des explorations très pointues, l'IRM clinique classique pourrait permettre d'identifier les lésions cognitives issues des accidents vasculaires cérébraux. C'est ce que montre une nouvelle étude anglaise publiée dans la revue Radiology.

L'IRM cérébrale pourrait aider à améliorer le diagnostic des personnes atteintes d'un type commun de trouble cognitif, selon une nouvelle étude publiée en ligne dans la revue Radiology.
Différencier les troubles cognitifs vasculaires des pathologies de type AlzheimerUn trouble cognitif vasculaire est provoqué par une pathologie des vaisseaux conduisant le sang au cerveau. Les Accidents Vasculaires Cérébrauxs (AVC) et les attaques ischémiques transitoires (AIT) sont des facteurs de risque. La perte de tissu cérébral sain résultant de ces événements affecte négativement la concentration et la prise de décision et conduit à des problèmes de planification et d'organisation. La prévalence des troubles cognitifs vasculaires augmente chez les personnes âgées, et il peut être difficile de les diagnostiquer et de les différencier des autres formes de démence comme la maladie d'Alzheimer. "Si les troubles cognitifs vasculaires suivent un AVC majeur, la déficience cognitive se développe habituellement soudainement, et peut donc être bien reconnu," a déclaré le co-auteur de l'étude, le Dr Dewen Meng, de l'Université de Nottingham, en Angleterre. «Dans la majorité des cas, une telle corrélation fait défaut, ce qui explique pourquoi la détection des troubles cognitifs vasculaires reste difficile."
Les apports de l'imagerie par tenseur de diffusion
Un biomarqueur, qui pourrait prédire et suivre les troubles cognitifs vasculaires sur les examens d'imagerie, n'a pas encore été trouvé, bien que les mesures IRM de signal portant la substance blanche constituent un axe de recherche prometteur. Les dommages occasionnés sur la matière blanche peuvent être évalués en imagerie de tenseur de diffusion, une technique d'IRM qui fournit deux mesures importantes de lésions cérébrales microscopiques: diffusivité moyenne et anisotropie fractionnelle. Une augmentation de la diffusivité moyenne, qui mesure le mouvement de l'eau à travers le tissu, est particulièrement sensible à la rupture des fibres nerveuses dans le cerveau.
L'IRM standard pour évaluer les dommages sur les principaux vaisseaux de substance blanchePour cette nouvelle étude, les chercheurs ont évalué l'IRM cérébrale et les résultats d'examens cognitifs de de 108 patients présentant une affection de l'artère carotide symptomatique, un facteur de risque de troubles cognitifs vasculaires. Sur les 108 patients, 53 ont montré une déficience cognitive. Une analyse plus poussée a identifié une corrélation claire entre la performance cognitive et la présence de lésions liées à des maladies vasculaires chroniques dans certaines régions de la substance blanche. «En utilisant l'IRM cérébrale clinique standard, nous avons constaté des dommages microscopiques sur les principaux faisceaux de substance blanche. Cela nous a permis de distinguer les patients atteints de pathologie de l'artère carotide symptomatique avec déficience cognitive de ceux qui étaient cognitivement intacts», a déclaré l'auteur principal de l'étude, le Dr Dorothee P. Auer, de l'Université de Nottingham.
La déconnexion sous-corticale comme mécanisme clé des troubles cognitifs vasculaires"Nos résultats signifient qu'un examen d'IRM simple pourrait améliorer le travail de diagnostic sur les personnes suspectées de troubles cognitifs vasculaires, ainsi que le suivi de la progression de la maladie." Ils suggèrent en effet que le mécanisme clé d'un trouble cognitif vasculaire est la déconnexion sous-corticale, une sorte de rupture de la communication au sein des réseaux de neurones cognitifs à grande échelle. Le Dr Auer a également expliqué que le cerveau est fonctionnellement organisé en réseaux qui nécessitent une communication efficace entre les régions spécifiques du cerveau. Cette communication dépend de la circulation de l'information entre les nœuds du réseau, à la différence du flux du trafic de passagers dans le métro. La déconnexion corticale suggère une perturbation dans les connexions entre ces nœuds cognitifs, altérant le flux d'information, et donc la coordination du réseau. "L'analogie serait un chantier de construction sur l'une des principales lignes de métro causant des perturbations de la circulation», poursuit le Dr Auer.
Les chercheurs envisagent d'étendre leurs études afin d'examiner les changements dans le temps suivre la progression de la déconnexion sous-corticale. «Ce sera une étape cruciale dans la quête de la prévention de la démence vasculaire, dans le but d'identifier les personnes à risque, et créer des protocoles d'imagerie pour évaluer l'efficacité des interventions», conclut le Dr Meng.
Bruno Benque