Une altération de la substance blanche serait responsable des insomnies primaires
LUNDI 11 AVRIL 2016
En utilisant l'imagerie de tenseur de diffusion en IRM, des chercheurs chinois ont trouvé des anomalies dans la substance blanche du cerveau chez les patients souffrant d'insomnie. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue "Radiology".

Une étude publiée dans la ravue Radiology se propose de trouver des relations entre l'insomnie de type primaire et l'aspect de la substance blanche en imagerie de tenseur de diffusion par IRM.
L’insomnie primaire: un trouble courantL'insomnie de type primaire, dans laquelle les individus ont des difficultés à s’endormir ou à rester endormis, est associée à la somnolence diurne, la perturbation de l'humeur et des troubles cognitifs. Les patients souffrant d’insomnie présentent souvent des traits d'anxiété et de dépression. "L'insomnie est un trouble assez répandu, a déclaré le chercheur Li Shumei du Département d’imagerie médicale de l'Hôpital de Guangdong en Chine. Cependant, ses causes et ses conséquences demeurent insaisissables".
L’implication des tractus de la substance blanche
Pour l'étude, l’équipe de chercheurs dirigée par le Dr Guihua Jiang a analysé les faisceaux de matière blanche chez les patients souffrant d'insomnie et leurs relations avec l'intégrité de la matière blanche, la durée et les caractéristiques de l'insomnie. "Les tractus de la substance blanche sont des faisceaux d'axones, des longues fibres de cellules nerveuses qui relient une partie du cerveau à l'autre, a déclaré Li Shumei. Si les faisceaux de matière blanche sont altérés, la communication entre les régions du cerveau est perturbée".
La précision de la DTIL'étude a porté sur 23 patients souffrant d'insomnie primaire et 30 volontaires sains. Pour évaluer les modèles de sommeil et l’état mental des patients, tous les participants ont rempli des questionnaires dont le "Pittsburgh Sleep Quality Index", l'indice sur la gravité de l’insomnie, l'échelle auto-évaluant l'anxiété et la dépression. Chaque participant a également subi une IRM cérébrale avec imagerie de tenseur de diffusion (DTI). La DTI permet aux chercheurs d'analyser les mouvements de l'eau le long des faisceaux de la matière blanche pour identifier une perte d'intégrité de celle-ci. "Nous avons utilisé une nouvelle méthode appelée "Tract-Based Spatial Statistics" qui est très sensible à la microstructure des faisceaux de la matière blanche et fournit de multiples mesures de diffusion", précise Li Shumei.
L’altération de la substance blanche du cerveau
Les résultats de l’étude ont montré que l'intégrité de la matière blanche, dans plusieurs régions du cerveau droit et au niveau du thalamus des patients souffrant d'insomnie, est réduite de manière significative. "Ces tractus de la substance blanche aux facultés affaiblies sont principalement impliquées dans la régulation de la fonction cognitive et sensorielle, du sommeil et de l'éveil" ajoute Li Shumei. Par ailleurs, la gravité des altérations de la structure de la matière blanche et du thalamus ont également été associés à la durée de l'insomnie des patients et ainsi prise en compte sur l’échelle d'auto-évaluation de la dépression. Pour lui, "la participation du thalamus dans la pathologie de l'insomnie est particulièrement importante, puisque le thalamus abrite des constituants importants de l'horloge biologique du corps".
Vers une étude à plus grande échelle
L'étude a également révélé que la perte de la myéline, la couche protectrice autour des fibres nerveuses, pourrait être une cause sous-jacente de l’altération de la substance blanche chez les patients souffrant d'insomnie. Les chercheurs soulignent que la poursuite de l'étude doit être faite sur un échantillon plus important afin de clarifier la relation entre l'intégrité de la matière blanche et l'insomnie.
Pauline Mayol