TEP-IRM: DE REELLES AVANCEES POUR L'ONCOLOGIE
LUNDI 23 MARS 2015
Les premières études cliniques mettant en jeu la PET-IRM, séquentielle ou intégrée, permettent d'entrevoir des progrès significatifs dans l'exploration du foie, du sein ou de la moëlle notamment dans la prise en charge des patients en oncologie. C'est ce qu'ont annoncé les Prs Itti et Luciani lors des 56èmes Journées Scientifiques de l'AFPPE.

Parmi les nombreuses présentations réalisées lors des 56èmes Journées Scientifiques de l'AFPPE, celle des Prs Emmanuel Itti et Alain Luciani, du Centre Hospitalier Henri Mondor (AP-HP) était très attendue.
Un complément physiologique aux informations morphologiques
Il s'agissait, en effet pour eux, de faire le point sur les apports de la TEP-IRM en l'état actuel de l'art. L'imagerie hybride, qui met en jeu depuis une dizaine d'année le scanner et le TEP a permis d'affiner la cartographie des lésions par une approche physiologique complémentaire des informations morphologiques produites par le scanner. La qualité diagnostique du TEP-scan, tant en low dose qu'en coupes fines, n'est ainsi plus à démontrer, mais qu'en est-il de la TEP-IRM, discipline récente en voie de développement ?
Des données fonctionnelles et métaboliques dans des régions anatomiques peu explorées
Les orateurs ont tout d'abord argumenté sur les bénéfices que pourrait générer la technologie par résonnance magnétique, pour l'observation des structures tissulaires non visibles aux rayons X, mais également pour ses caractéristiques en imagerie moléculaire et fonctionnelle, notamment dans le cadre de l'exploration oncologique. Car la TEP-IRM permet d'acquérir des informations morphologiques, fonctionnelles et métaboliques supplémentaires, dans des régions anatomiques comme les tissus mous, le pelvis, l'ORL ou l'étage sus-mésocolique.
Des photodiodes à avalanche dans la gamma-camera
Sur le plan technologique, la discipline évolue aujourd'hui, puisque la TEP-IRM, qui était uniquement constitué de deux modalités juxtaposées, est proposé désormais également en une seule machine. Les photomultiplicateurs de la gamma-camera ont été remplacés par des photodiodes à avalanche qui ont la particularité d'être insensibles au champ magnétique et peuvent être ainsi intégrées à l'IRM. La TEP-IRM peut donc faire l'objet d'acquisitions séquentielles - IRM puis TEP - ou intégrées, partiellement ou complètement, l'acquisition simultanée permettant de gagner du temps d'examen et de ne pas être tributaire des mouvements du patient qui entraînent des recalages d'images.
Premières études cliniques très prometteuses
Mais qu'apporte la TEP-IRM concrètement par rapport au TEP-scan ? Les Prs Itti et Luciani ont présenté, sur ce point, les premières études cliniques répertoriées, venues de quelques uns des 60 appareils installés dans le monde. Comparé au scanner, la TEP-IRM montre des lésions supplémentaires pour 45% des cas, ainsi qu'une faible proportion de métastases non vues au scanner. Il permet également d'éliminer la malignité de certaines lésions, le tout aboutissant, et c'est d'une réelle importance, à 18% de modifications immédiates de traitement pour les patients. La technologie présente, en l'état de l'art, des progrès significatifs pour l'exploration du foie, du sein ou de la moëlle et permet de s'affranchir des effets de l'irradiation en oncologie pédiatrique, en attendant de nouvelles applications en neurosciences notamment.
Par contre, elle est inopérante dans l'exploration du poumon, ou du moins n'apporte pas d'amélioration d'informations. Autre motif de modération pour cette nouvelle technologie, son prix. La discipline met en jeu deux modalités très onéreuses et la politique de remboursement des examens reste à éditer. Autant dire que son utilisation en routine n'est pas encore prévue et qu'il faudra attendre que de nouvelles applications apparaîssent pour qu'elle puisse se développer.
Bruno Benque