La TDM révèle une forte proportion d'anomalies pulmonaires deux ans après la pneumonie à COVID-19
MARDI 21 FéVRIER 2023
La tomodensitométrie thoracique révèle des anomalies pulmonaires persistantes chez les patients, deux ans après avoir contracté la pneumonie à COVID-19. C’est ce que montre une étude publiée dans la Revue Radiology, dans le premier document de recherche contenant des données de suivi sur deux ans sur les effets pulmonaires du COVID-19.

À l'échelle mondiale, plus de 600 millions de personnes se sont remises du COVID-19, mais des inquiétudes subsistent quant au fait que certains organes, en particulier les poumons, pourraient subir des dommages à long terme après l'infection.
Une étude prospective pour suivre, par TDM thoracique, les patients infectés par le COVID-19
C’est dans ce contexte que les Drs Qing Ye et Heshui Shi, du Tongji Medical College de l'Université des sciences et technologies de Huazhong à Wuhan (Chine), et leurs collègues, ont entrepris d'évaluer les anomalies pulmonaires résiduelles chez les patients jusqu'à deux ans après avoir contracté la pneumonie à COVID-19. Ils ont également, dans cette étude publiée dans la Revue Radiology, examiné la corrélation entre les anomalies pulmonaires résiduelles et les modifications de la fonction pulmonaire.
Une proportion significative de patients présentant des anomalies pulmonaires à deux ans
Dans cette étude prospective, 144 patients (79 hommes et 65 femmes, âge médian 60 ans) sortis de l'hôpital après une infection par le SARSCoV-2 entre le 15 janvier et le 10 mars 2020, ont été inclus. Trois tomodensitométries (TDM) thoraciques, ainsi que des examens de la fonction pulmonaire ont été réalisés à six mois, 12 mois et deux ans après l'apparition des symptômes. Ces anomalies pulmonaires résiduelles se matérialisaient par de la fibrose (cicatrices), de l'épaississement, des nids d'abeilles, des images kystiques, voire de la dilatation des bronches.
En deux ans, l'incidence des anomalies pulmonaires a progressivement diminué. À six mois, 54 % des patients présentaient des anomalies pulmonaires. Sur les TDM de suivi à deux ans, 39 % (56/144) des patients avaient des anomalies pulmonaires, dont 23 % (33/144) avec des pathologies fibreuses et 16 % (23/144) avec des pathologies pulmonaires non fibreuses. Les 88 cas restants (61%) n'ont montré aucune anomalie à deux ans.
Une corrélation identifiée entre pathologie pulmonaire fibreuse et déficit fonctionnel
« Ce travail a montré que la proportion d'anomalies pulmonaires interstitielles fibreuses, précurseur de la fibrose pulmonaire idiopathique, est restée stable tout au long du suivi, précisent les auteurs. Par conséquent, les anomalies fibrotiques observées dans notre étude pourraient représenter une affection pulmonaire stable et irréversible, telle que la fibrose pulmonaire, après COVID-19. Les patients présentant des anomalies pulmonaires au scanner étaient plus susceptibles de souffrir de symptômes respiratoires et d’avoir une fonction pulmonaire anormale. La proportion d'individus présentant des symptômes respiratoires est passée de 30 % à six mois à 22 % au bout de deux ans.
Lors d'un suivi de deux ans, le symptôme respiratoire le plus courant était la dyspnée d'effort ou l'essoufflement (14 % [20/144]), tandis que la diffusion pulmonaire légère et modérée a été observée chez 29 % (38/129) des patients. La diffusion pulmonaire était considérée comme anormale lorsque la capacité de diffusion du poumon pour le monoxyde de carbone était inférieure à 75 % de la valeur prédite. Les chercheurs suggèrent que des symptômes résiduels persistants et une fonction pulmonaire anormale pourraient être liés aux lésions pulmonaires identifiées par TDM.
De la nécessité de contrôler, à distance, l’état pulmonaire des patients avec des antécédents de COVID-19
« Les conséquences à long terme et fonctionnelles des résultats de la TDM thoracique après le COVID-19 sont largement inconnues, concluent les auteurs. Notre étude prospective a révélé que 39 % des participants présentaient des anomalies pulmonaires interstitielles persistantes lors d'un suivi de deux ans, qui étaient associées à des symptômes respiratoires et à une diminution de la fonction de diffusion. »
Ils conseillent dès lors que les patients présentant des anomalies pulmonaires résiduelles ou des symptômes respiratoires après COVID-19 soient suivis pour détecter et gérer les modifications pulmonaires et les troubles fonctionnels résiduels.
Bruno Benque avec RSNA