L'imagerie en coupe pour une discrimination du sarcome rénal par rapport aux autres tumeurs non sarcomateuses
MARDI 01 FéVRIER 2022
Pour discriminer le sarcome rénal par rapport aux autres tumeurs non sarcomateuses, une équipe internationale a mené une étude pour évaluer un algorithme de forêt aléatoire à partir de l’imagerie en coupe (TDM et IRM). Ce travail publié dans la Revue European Radiology, donne des résultats prometteurs pour identifier aisément ces tumeurs aux signes radiologiques caractéristiques.

Les sarcomes sont des tumeurs rares d'origine mésenchymateuse qui peuvent se manifester dans tout l'organisme, les sarcomes rénaux étant exceptionnellement rares avec une prévalence inférieure à 1 % de toutes les tumeurs malignes rénales.
Le sarcome rénal, tumeur rare à pronostic sombre
Bien qu'il n'y ait pas d'études épidémiologiques récentes sur les sarcomes rénaux, les données non publiées en 2021 des bases de données United States National Cancer Database Surveillance, ainsi qu’Epidemiology and End Results (SEER) confirment la rareté des sarcomes rénaux contribuant à < 1 % des tumeurs malignes. Le pronostic des patients présentant des sarcomes rénaux est moins bon que celui des tumeurs rénales non sarcomateuses, avec des taux de survie globale à 5 ans de 14,5 %, un sombre pronostic qui met en évidence le besoin clinique d'un diagnostic rapide et précis des sarcomes rénaux afin de fournir des stratégies de traitement individualisées aux patients concernés.
Diagnostiquer la pathologie précocement compte tenu de sa forte probabilité métastatique
Pour l'évaluation de la masse rénale en général, les examens en coupe, TDM et IRM, sont la pierre angulaire du diagnostic initial et de la planification du traitement. Pour le sarcome rénal en particulier, plusieurs signes radiologiques uniques aux sarcomes rénaux ont été décrites, telles que la croissance capsulaire et les calcifications centrales. Cependant, la littérature n'évalue pas la fréquence de ces signes et manque d'évaluation d'imagerie standardisée.
Dans ce contexte, le diagnostic des sarcomes rénaux basé sur l'imagerie en coupe seule reste un défi radiologique compte tenu du large spectre d'imagerie et de la rareté globale de la maladie, alors qu’une prise en charge précoce, compte tenu de la forte probabilité métastatique de cette pathologie, est préconisé par les directives internationales. Surtout que le rôle et la précision diagnostique de la biopsie rénale dans les cas de tumeurs nécrotiques volumineuses, telles que les sarcomes rénaux, restent incertains.
Une étude internationale pour discriminer les sarcomes rénaux des autres tumeurs rénales
C’est la raison pour laquelle une équipe internationale à forte représentation allemande a réalisé une étude multicentrique sur le sujet, étude publiée dans la Revue European Radiology. Ce travail vise à évaluer systématiquement les signes radiologiques des sarcomes rénaux et à présenter une méthode de discrimination précise des sarcomes rénaux des tumeurs rénales non sarcomateuses.
Des patients adultes diagnostiqués avec des sarcomes rénaux de 1995 à 2018 ont été inclus à partir de 11 centres de référence tertiaires européens (Allemagne, Belgique, Turquie) et comparés à des patients atteints de tumeurs rénales non sarcomateuses quatre fois plus nombreux. Les résultats de l’imagerie en coupe ont été évalués à l'aide de 21 critères radiologiques prédéfinis. Un modèle de forêt aléatoire (machine learning élaboré) a été entraîné pour prédire « le sarcome rénal par rapport aux tumeurs rénales non sarcomateuses » en fonction des caractéristiques démographiques et d'imagerie.
Un algorithme de forêt aléatoire montrant une bonne sensibilité et une bonne valeur prédictive
Dans cette étude, 34 sarcomes rénaux ont été inclus et comparés à 136 tumeurs rénales non sarcomateuses. Les sarcomes rénaux se manifestaient chez des patients plus jeunes et étaient plus complexes, plus grands (diamètre médian 108 contre 43 mm), avec une forme irrégulière et des marges mal définies. Ils étaient fréquemment accompagnés, en outre, d’une invasion de la veine rénale ou de la veine cave inférieure, d’une nécrose tumorale ou d’une invasion directe des organes adjacents notamment. L'algorithme de forêt aléatoire a donné une ASC médiane = 93,8 % pour prédire l'histologie du sarcome rénal, avec une sensibilité, une spécificité et une valeur prédictive positive de 90,4 %, 76,5 % et 93,9 %, respectivement.
Au final, les chercheurs confirment que les sarcomes rénaux sont des tumeurs rares se manifestant généralement par de grosses masses chez les patients jeunes, identifiée avec précision par un modèle de forêt aléatoire utilisant les signes radiologiques caractéristiques pour leur discrimination par rapport aux tumeurs rénales non sarcomateuses, ce qui pourrait aider à la prise de décision clinique.
Bruno Benque avec European Radiology