L'imagerie à détection spectrale révolutionne la pratique de la tomodensitométrie
MERCREDI 10 NOVEMBRE 2021
L’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière dispose, dans son unité d’oncologie, d’un scanner IQon Philips, le fer de lance de l’imagerie spectrale. Nous avons rencontré le Pr Olivier Lucidarme, Chef de Service imagerie de cette institution, qui évoque pour nous les avantages de cette machine qui révolutionne la pratique de la tomodensitométrie, en termes de qualité d’images, de rehaussement des contrastes et qui permet de réduire sensiblement les doses de produits iodés.

Thema Radiologie : Vous disposez, dans le pôle imagerie de la Pitié-Salpêtrière, de quatre modalités de scanner. Quel type de machine est spécialisée dans l’exploration en oncologie ?
Pr Olivier Lucidarme : Nous disposons, dans notre service de consultations d’oncologie, d’un scanner spectral Philips IQon depuis janvier 2020. Il offre une qualité d’image excellente et permet de meilleurs diagnostics pour les examens abdominaux, urologiques, gynécologiques notamment, par une réduction significative du bruit ainsi qu’un rehaussement des contrastes. Cela nous permet, lorsque l’on travaille en basse énergie (40 keV), de réduire de 50 % la quantité d’iode injectée aux patients. C’est donc l’outil idéal pour explorer les insuffisants rénaux par exemple.
T. R. : Cette technologie vous permet-elle de changer vos protocoles d’examens pour réduire la dose reçue par les patients ?
Pr O. L. : Tout à fait, puisque nous réalisons moins d’acquisitions sans injection en début d’examen. Les acquisitions sont aussi irradiantes avec l’IQon qu’avec un scanner normal, mais, comme l’on fait moins de passages, on irradie moins. Mais ce n’est pas la seule raison des changements de protocoles. Car l’imagerie spectrale, qui est possible grâce à la double couche de détecteurs, résulte de reconstructions qui se font automatiquement, à différentes énergies. Et en fonction de l’étiologie ou des pathologies que l’on recherche, le radiologue peut choisir de consulter les reconstructions spectrales, ou pas.
T. R. : On entend dire que l’imagerie spectrale produite par l’IQon se rapproche de l’IRM en termes de visualisation des petites structures. Êtes-vous d’accord avec cela ?
Pr O. L. : En fait, c’est le meilleur rehaussement du contraste qui fait que les petites lésions tissulaires sont identifiables en mono énergie 40 keV, mieux en tout cas que le scanner conventionnel. Mais c’est surtout la possibilité de visualiser, à partir d’une seule acquisition, différents niveaux d’énergie, d’accentuer la densité d’iode, ou de pouvoir la réduire pour obtenir une série sans injection par exemple qui fait l’intérêt de cette technologie. J’ajoute que le travail de l’image peut se faire sur un PACS classique, mais que, lorsqu’il est nécessaire de réaliser des reconstructions spectrales plus élaborées, nous utilisons la solution de post-traitement Intellispace Portal de Philips.
T. R. : Que pensent les correspondants de cette évolution technologique ? Ont-ils été perturbés par ces images d’un nouveau genre ?
Pr O. L. : Bien au contraire, ils ont accueilli cette innovation avec satisfaction. Ils voient bien que la qualité des images a été significativement améliorée et ils ont tendance, désormais, à nous demander de faire les examens spécifiquement sur cette machine. Lorsqu’ils sont devant des cas difficiles, ils apprécient de travailler à partir d’images plus contrastées, et c’est le spectral IQon qui leur donne cette possibilité.
T. R. : Quelles possibilités d’évolution voyez-vous à cette technologie, dont vous souhaiteriez pouvoir bénéficier ?
Pr O. L. : Le modèle suivant existe, c’est le Spectral CT 7500, qui embarque des capteurs plus larges. Mais il n’est pas prévu, à court terme, qu’il soit installé à la Pitié-Salpêtrière. Je dois dire toutefois que le modèle sur lequel nous travaillons aujourd’hui est déjà à même de révolutionner la pratique de la tomodensitométrie. Le fait de pouvoir bénéficier de la reconstruction mono énergétique 40 keV automatiquement nous permet d’améliorer nos pratiques, car on découvre des petites lésions que l’on n’aurait pas vues avec un scanner spectral plus classique qui propose de telles représentations seulement à la demande, pour des indications spécifiques. Je pense même qu’il faudrait l’utiliser en première intention désormais, tant il apporte un surcroît d’informations.
Découvrir le Spectral CT 7500 ICI.
Propos recueillis par Bruno Benque