L'angioscanner pour donner plus de chances aux victimes d'AVC à noyau ischémique lent
MARDI 02 NOVEMBRE 2021
Une étude américaine publiée dans la Revue Radiology montre que les AVC à développement lent peuvent être identifiés à l’angioscanner. Les résultats de cette étude donnent plus de chances à des milliers de patients qui pourraient ainsi être traités par thrombectomie 24 heures après, voire plus.

La thrombectomie endovasculaire est aujourd’hui très efficace pour traiter les AVC ischémiques des gros vaisseaux mais elle a des limites. Selon le Pr R. Gilberto Gonzalez, du département de radiologie du Massachusetts General Hospital (MGH) de Boston, « la thrombectomie est efficace à plus de 90 % si nous arrivons à traiter le patient à temps. Le problème, c'est que nous ne traitons que moins de 10 % des personnes qui pourraient en bénéficier. »
Un taux important de patients dont le noyau ischémique se développe lentement
L'une des raisons de ce problème aux États-Unis est la difficulté de déterminer quels patients ont besoin du traitement immédiatement et lesquels peuvent attendre, en fonction de la vitesse à laquelle le noyau ischémique se développe. Dans une étude précédente, le Pr Gonzalez et ses collègues ont découvert que le noyau ischémique se développe très lentement dans un sous-ensemble important de patients, ce qui signifie qu'ils peuvent toujours bénéficier d'une thrombectomie 24 heures ou plus après le blocage.
Pour en savoir plus sur la façon d'identifier ces patients, il a mené une étude, en compagnie du Pr Robert W. Regenhardt, chercheur en neuroendovasculaire à l'HGM, et et de leur équipe, afin d’examiner les résultats de 31 patients ayant subi un AVC et qui, lors de leur admission on fait l’objet d’un angioscanner cérébral. Les patients ont également été explorés par IRM quatre fois au cours des deux jours suivants, pour suivre la croissance ischémique.
Une chance supplémentaire pour les patients vivant dans des déserts médicaux
Les résultats de cette étude, publiée dans la Revue Radiology, ont révélé un lien étroit entre la vitesse de croissance du noyau ischémique et le flux sanguin dans les vaisseaux sanguins collatéraux. Un motif collatéral symétrique était fortement associé à des carottes ischémiques à croissance lente et hautement traitables. « Nos données montrent que chez près de la moitié des patients le noyau se développe très lentement, remarque le Pr Gonzalez. Ce qui accroit d’autant le nombre de personnes qui sont potentiellement traitables. »
Parce que l’angioscanner est largement disponible, les modèles qui en découlent offrent un surcroît de chance pour les dizaines de milliers de victimes d'AVC qui vivent dans des zones sans accès à l'imagerie avancée comme la tomodensitométrie de perfusion ou l'IRM. En théorie, toute personne victime d'un AVC qui se présente dans un hôpital aux installations limitées et qui subit un angioscanner pourrait être rapidement identifiée comme ayant une bonne circulation collatérale, puis transférée dans un autre hôpital et traitée.
Un algorithme d'IA pour la détection automatique des circulations latérales associées à un développement ischémique lent
« Avec l'angiographie CT, nous avons trouvé un moyen largement disponible pour identifier ces processus de développement lents, poursuit le Pr Gonzalez. Maintenant, un grand nombre de patients atteints du type d’AVC le plus grave peuvent être traités. »
Les chercheurs travaillent actuellement sur un algorithme d’IA capable de détecter automatiquement les schémas spécifiques de circulation collatérale associés à une progression plus lente de l'AVC. L'algorithme peut être exécuté dans le cloud afin que n'importe quel hôpital puisse lui envoyer des données et obtenir une évaluation en quelques minutes. « Cette méthode se prête très bien à l'automatisation et pourrait bénéficier à des dizaines de milliers de personnes chaque année, » conclut-il.
Bruno Benque avec RSNA