Évaluer l'état général d'un patient à partir de son scanner thoracique
MARDI 06 AVRIL 2021
Selon une étude publiée dans la Revue Radiology, les informations sur la composition corporelle dérivées des tomodensitométries thoraciques de routine peuvent fournir des informations importantes sur la santé globale des personnes atteintes de Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO), notamment sur leur risque de mortalité toutes causes confondues.

La BPCO est fréquemment associée à l'obésité et à la sarcopénie. L'obésité est associée à une mortalité plus faible chez les patients atteints de BPCO et les taux de survie plus longs des patients obèses par rapport à leurs homologues plus maigres sont connus sous le nom de « paradoxe de l'obésité ».
La qualité musculaire ou la densité osseuse facilement quantifiables par scanner
La tomodensitométrie (TDM) thoracique est souvent utilisée pour caractériser la BPCO, dépister le cancer du poumon ou planifier des options chirurgicales. Mais elle offre désormais l'opportunité d'évaluer l'obésité et la sarcopénie grâce à des biomarqueurs des tissus mous.
« Les scanners thoraciques se sont depuis longtemps concentrés sur les poumons ou le cœur, remarque le co-auteur d’une étude sur le sujet publiée dans la Revue Radiology dont il est le Rédacteur en chef, le Pr David A. Bluemke, de l’University of Wisconsin School of Medicine and Public Health à Madison (Wisconsin, USA). Mais peu de recherches antérieures ont évalué la qualité musculaire, la densité osseuse ou la dégénérescence de la colonne vertébrale comme un indice de la santé globale. Celles-ci sont facilement disponibles et quantifiables dans ces examens TDM. »
Une évaluation de l’état générale du patient au travers d’une TDM thoracique pour BPCO
Pour la nouvelle étude, le Pr Bluemke, avec les Drs Farhad Pishgar et Shadpour Demehri, de la Johns Hopkins School of Medicine, et leurs collègues ont utilisé des examens de TDM thoracique pour étudier les associations entre les marqueurs des tissus mous dérivés de l'imagerie et la mortalité toutes causes confondues dans la BPCO. Le groupe d'étude était composé de 2994 participants issus de l'étude multi-ethnique de l'athérosclérose (MESA), une recherche examinant les rôles des marqueurs des tissus mous et osseux dérivés de l'imagerie pour prédire les résultats pertinents pour les maladies cardiopulmonaires. Sur les 265 patients du groupe d'étude atteints de BPCO, 49 (18%) sont décédés au cours de la période de suivi.
Une plus grande quantité de graisse intermusculaire était associée à des taux de mortalité plus élevés. Les recherches existantes ont lié des niveaux plus élevés de graisse intermusculaire au diabète et à la résistance à l'insuline. Un tissu adipeux sous-cutané plus élevé, en revanche, était lié à des risques plus faibles de mortalité, toutes causes confondues. Les auteurs ont montré de manière convaincante que la graisse dans le muscle était beaucoup plus prédictive de mauvais résultats qu'une simple distribution de graisse sous-cutanée.
Utiliser la TDM en routine pour étendre le champ des investigations diagnostiques
Les résultats indiquent un rôle pour l'évaluation de la composition corporelle chez les personnes atteintes de BPCO qui subissent une TDM thoracique, qui est facile à réaliser et fréquente dans la pratique clinique. En théorie, les évaluations de la composition corporelle dérivées de la TDM fourniraient une opportunité pour des interventions plus précoces chez les patients qui font face à un risque plus élevé d'événements indésirables pour la santé. Ces présentent également une opportunité pour des algorithmes dérivés de l’IA qui pourraient rapidement et automatiquement ajouter une évaluation des risques au compte rendu d'imagerie.
« Je m'attends à ce que d'autres études à l'avenir commencent à examiner toutes les informations sur le scanner, plutôt qu'un seul organe à la fois », conclut le Pr Bluemke. Les cliniciens auront besoin de seuils pour intervenir lorsque les anomalies graisseuses ou osseuses s'aggravent. » L'étude n'était que la dernière à exploiter les données d'imagerie de l'essai MESA, une collaboration impliquant plus de 6 000 hommes et femmes de six communautés à travers les États-Unis.
Bruno Benque avec RSNA