COVID-19 : l'angioscanner double énergie pour mieux évaluer les défauts de perfusion
VENDREDI 12 MARS 2021
Une étude française se basant sur l’angioscanner pulmonaire double énergie permet de mieux étudier les défauts de perfusion provoqués par le COVID-19. La double énergie permet ainsi d’obtenir des cartographies d’iode pour une meilleur évaluation de la perfusion pulmonaire.

Le COVID-19 est responsable de défauts de perfusion pulmonaire selon la littérature scientifique. Ces troubles ont été décrits en utilisant l’angioscanner à double énergie (DE-CTPA). Une étude française, menée en partie à l’Hôpital St-Joseph Paris et publiée dans la Revue European Radiology, se propose d’étudier la prévalence et les caractéristiques de ces défauts de perfusion chez les patients atteints de COVID-19 avec suspicion d'embolie pulmonaire (EP) et CTPA négatif.
Des défauts de perfusion différents à l’angioscanner double énergie selon que les patients sont COVID ou non
Cette étude rétrospective a inclus des groupes de patient ayant fait l’objet de pneumonies COVID-19 et non COVID-19 avec un angioscanner sans signe d’embolie pulmonaire. Deux radiologues ont évalué la présence de défaut de perfusion dans les opacités pulmonaires et analysé le type de ces opacités, ainsi que le profil homogène ou hétérogène des défauts de perfusion. Les caractéristiques cliniques, biologiques et radiologiques, les besoins en oxygène, les dosages de D-dimère, la durée d'hospitalisation et le décès ont été comparées dans le groupe COVID-19 entre les patients atteints, ou non, de défaut de perfusion.
67 patients COVID-19 et 79 non-COVID-19 ont été inclus. Les défauts de perfusion étaient plus fréquents dans le groupe COVID-19 (59,7%) que dans le groupe non COVID-19 (26,6%). Les patients COVID-19 présentaient des défauts de perfusion hétérogènes (38/40, 95%) tandis que les patients non COVID-19 présentaient des défauts de perfusion principalement homogènes (7/21 PD hétérogènes, 33%). Chez les patients COVID-19, la plupart des consolidations (9/10, 90%) présentaient des défauts de perfusion tandis que moins d'un tiers des consolidations (19/67, 28%) avaient des défauts de perfusion chez les patients non COVID-19. Le D-dimère, les niveaux d'oxygène étaient similaires chez tous les patients COVID-19.
Des cartographies d’iode permettant d’évaluer précisément la perfusion pulmonaire
Contrairement à la pneumonie bactérienne, les défauts de perfusion hétérogènes dans les opacités pulmonaires sont une caractéristique fréquente de la pneumonie COVID-19 chez les patients suspectés d’embolie pulmonaire. Grâce à l’acquisition tomodensitométrique quasi simultanée à deux niveaux d'énergie de rayons X, l’angioscanner permet, d’autre part, de séparer les régions d'absorption d'iode et les tissus mous ne prenant pas le contraste. Par conséquent, des cartographies d'iode peuvent être obtenues pour démontrer la distribution de la perfusion pulmonaire, ce qui conduit à une évaluation précise de l'embolie pulmonaire.
Au-delà de l'obtention de nouvelles informations pertinentes pour la compréhension de la maladie, l'application clinique de ces résultats reste à déterminer. L’angioscanner double énergie pourrait potentiellement aider à diagnostiquer les cas suspects de COVID-19 litigieux, mais son utilisation doit être motivée par une suspicion clinique d'embolie pulmonaire.
Bruno Benque avec European Radiology