Des calcifications cérébrales liées au tabagisme et au diabète
VENDREDI 15 JUIN 2018
Selon une nouvelle étude publiée en ligne dans la revue Radiology, les fumeurs et les diabétiques peuvent présenter un risque accru de calcifications dans une région du cerveau cruciale pour la mémoire. Les reconstructions multiplanaires d'images scanner rendent possible ce progrès.

Des recherches antérieures ont émis l'hypothèse que des calcifications dans l'hippocampe pourraient être liées à des problèmes vasculaires contribuant à l'atrophie de l'hippocampe et à la détérioration cognitive subséquente.
Le scanner multiplanaire pour différentier hippocampe et le plexus choroïde
Cependant, les recherches publiées sur ce processus sont limitées. "Nous savons que les calcifications de l'hippocampe sont fréquentes, en particulier avec l'âge, déclare l'auteur principal d'une étude publiée en ligne dans la revue Radiology, le Dr Esther J.M. de Brouwer, gériatre au centre médical de l'Université d'Utrecht, aux Pays-Bas. Cependant, nous ne savions pas si les calcifications de l'hippocampe étaient liées à la fonction cognitive." Les progrès de l'imagerie ont permis d'explorer le rôle des calcifications de l'hippocampe dans la démence. Le développement de scanners cérébraux multiplanaires a permis une meilleure distinction entre les calcifications de l'hippocampe et celles présentes dans les structures cérébrales proches comme le plexus choroïde. "Un scanner multiplanaire permet de voir l'hippocampe dans différents plans anatomiques, poursuit-elle. Cette évolution, les calcifications de l'hippocampe étaient souvent confondues avec des calcifications du plexus choroïde."
Tabagisme et diabète comme facteurs favorisant les calcifications
Le Dr de Brouwer et ses collègues ont étudié l'association entre les facteurs de risque vasculaires comme l'hypertension, le diabète et le tabagisme, et les calcifications de l'hippocampe. Ils ont également évalué les effets des calcifications sur la fonction cognitive. Le groupe d'étude comprenait 1 991 patients, âgés en moyenne de 78 ans, qui avaient consulté pour des problèmes de mémoire dans un hôpital néerlandais entre 2009 et 2015. Les patients avaient un diagnostic standard, comprenant des tests cognitifs et des tomodensitogrammes. Les chercheurs ont analysé ces scanners pour identifier la présence et la gravité des calcifications de l'hippocampe. Parmi les 1 991 patients, 380, (19,1%) ont eu des calcifications de l'hippocampe. L'âge avancé, le diabète et le tabagisme étaient associés à un risque accru de calcifications de l'hippocampe sur les tomodensitogrammes. Bien que l'étude n'ait pas été conçue pour déterminer de façon concluante si le tabagisme et le diabète augmentent le risque de calcifications de l'hippocampe, les résultats suggèrent fortement un lien.
Aucun lien apparent entre les calcifications et la fonction cognitive des patients
"Nous pensons que le tabagisme et le diabète sont des facteurs de risque, précise le Dr de Brouwer. Dans une étude histopathologique récente, les calcifications de l'hippocampe étaient une manifestation de la maladie vasculaire. Il est bien connu que le tabagisme et le diabète sont des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. Il est donc probable que le tabagisme et le diabète sont des facteurs de risque pour les calcifications de l'hippocampe. " Il n'y avait toutefois aucun lien entre la présence et la gravité des calcifications de l'hippocampe de la fonction cognitive, une découverte surprenante, selon le Dr de Brouwer, avec plusieurs explications possibles.
"L'hippocampe est constitué de différentes couches et il est possible que les calcifications n'aient pas endommagé la structure de l'hippocampe sollicitée dans le stockage de la mémoire, a-t-elle conclu. Une autre explication pourrait être la sélection de nos participants à l'étude, qui faisaient tous l'objet d'un déficit de mémoire." Les chercheurs prévoient d'effectuer des études supplémentaires dans différents groupes de personnes afin de mieux comprendre les liens possibles entre ces calcifications et les problèmes cognitifs.
Bruno Benque avec RSNA