La TDM ultra haute résolution pour identifier les néoformations osseuses péri-implants cochléaires
LUNDI 13 DéCEMBRE 2021
La majorité des porteurs d'implants cochléaires développent une nouvelle formation osseuse qui affecte négativement la préservation de l'audition à long terme, selon une étude hollandaise publiée dans Radiologie. La tomodensitométrie à haute résolution spatiale pourrait permettre d’identifier et d’étudier les impacts de cette néoformation in-vivo en réduisant les artéfacts notamment.

Un implant cochléaire comprend une partie interne placée chirurgicalement sous la peau et qui stimule les nerfs de la cochlée. Il ne restaure pas une audition normale mais peut aider une personne à reconnaître les mots et à mieux comprendre la parole.
Une néoformation osseuse identifiée post-mortem autour des implants cochléaires
Bien que les complications des implants cochléaires soient rares, des études post-mortem les ont associées à une inflammation, une fibrose et une nouvelle formation osseuse. Les implications cliniques potentielles de la nouvelle formation osseuse rendent nécessaire leur visualisation afin d'en empêcher le développement, ce qui n’a pas encore été décrit in-vivo.
« De tels changements subtils sont difficiles à visualiser in vivo, en particulier à proximité d'un implant métallique générant des artefacts sur les images de tomodensitométrie (TDM) », précise le Dr Floris Heutink, du département d'oto-rhino-laryngologie du Centre médical universitaire Radboud à Nimègue ( Pays-Bas). Le Dr Heutink et ses collègues ont utilisé, dans une étude publiée dans la Revue Radiology, une TDM à ultra-haute résolution spatiale (UHRCT) pour évaluer cette nouvelle formation osseuse et ses implications chez 123 patients porteurs d'implants cochléaires.
Une perte auditive associée à cette formation osseuse
Sur les 123 patients, 83 (68%) ont présenté une nouvelle formation osseuse, principalement située à la base de la cochlée, dans les quatre ans suivant l'implantation. La perte auditive résiduelle à long terme était significativement plus importante dans le groupe avec une nouvelle formation osseuse. « Comme indiqué par notre étude, il existe une corrélation entre la formation de nouveaux os et la perte auditive résiduelle à long terme », ajoute le Dr Berit M. Verbist, MD, Ph.D., des départements de radiologie de Radboudumc and Leiden University Medical Center à Leiden (Pays-Bas), co-auteur de l'étude.
La formation osseuse autour de l'électrode de l'implant cochléaire a un certain nombre de conséquences négatives en raison de ses effets sur le dispositif et les structures qui l'entourent. Cela peut affecter la propagation du courant électrique dans la cochlée, entraînant un ajustement complexe de l'appareil, une interaction des canaux et un résultat auditif global moyen. Cela pourrait également compliquer les futures thérapies telles que la thérapie génique pour restaurer la fonction cochléaire.
Le scanner à ultra-haute résolution pour passer outre les artéfacts
« Last but not least, la nouvelle formation osseuse peut compliquer la chirurgie de réimplantation », poursuit le Dr Verbist. Les chercheurs ont noté, en effet, que les améliorations apportées à la conception et aux techniques chirurgicales ont rendu l'implantation cochléaire disponible pour un nombre croissant de personnes atteintes d'une perte auditive sévère à profonde. Cette augmentation du nombre de patients rend plus urgente que jamais une méthode de détection et de suivi de la nouvelle formation osseuse in vivo.
« Pourtant, de nombreuses questions restent à résoudre avant que la détection d'une nouvelle formation osseuse chez un patient individuel n'ait des conséquences thérapeutiques, conclut le Dr Heutink. Cette technique sera un outil précieux pour mieux comprendre l'occurrence, l'évolution dans le temps et la physiopathologie de ce processus et peut-être utilisée pour évaluer les traitements encore à développer contre la nouvelle formation osseuse. »
Bruno Benque avec RSNA