Édito - Le radiologue et la génération Y des patients
LUNDI 16 OCTOBRE 2017
Les radiologues ont à faire aujourd'hui, lorsqu'ils doivent annoncer un diagnostic, à une génération de patients connectés, résistants aux changements, au discours parfois contradictoire et souvent revendicatif. La conférence données lors des JFR 2017 sur le thème de l'annonce du diagnostic a donné quelques pistes pour que les radiologues appréhendent mieux cette génération Y des patients.

Dans le cadre de l'évolution de la relation entre le patient et son médecin, la conférence donnée sur ce thème lors des Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2017 et intitulée: "Ce que le radiologue ne doit pas dire à son patient" a tenu toutes ses promesses.
Changement de paradigme
Car les radiologues se retrouvent très souvent dans une position inconfortable en face de leur patient, notamment lorsqu'ils doivent faire une annonce de diagnostic grave. Autrefois, le médecin pouvait garder une posture tantôt paternaliste, tantôt distante, voire condescendante, selon son caractère propre, mais toujours directive. Le praticien était alors tout puissant en face d'un patient passif qui n'avait qu'à obéir à ses directives thérapeutiques. Et, même si la plupart des radiologues y mettaient les formes, le temps du diagnostic était très brutal pour les patients.
Une réaction pas toujours en rapport avec la gravité de la maladie
Ce temps est révolu. Comme l'a déclaré le Pr Atul Pathak, Cardiologue à la Clinique Pasteur de Toulouse, lors de cette conférence, nous sommes passés dans l'ère d'une médecine intéractive où le praticien a besoin de l'adhésion de son patient dans la conduite thérapeutique à tenir. Et il se trouve que ce dernier, qui est connecté et a désormais accès à une foule d'informations, plus ou moins vérifiées, relatives à sa pathologie, résiste au changement et refuse, de temps en temps, de changer de comportement. Cette situation a, selon le Pr Pathak, plusieurs origines et la réaction des malades n'est pas toujours en rapport avec la gravité de leur maladie. C'est plutôt leur capacité à absorber l'information qui génère des retours différents.
Adapter le discours en fonction du profil du patient
Le radiologue doit alors évaluer les caractéristiques psychologiques de son interlocuteur, surveiller sa réaction à l'annonce du diagnostic et élaborer une stratégie de communication. Il est appelé alors à adapter son discours, lui donner une forme pédagogique si le patient est dans le déni, accompagnante s'il est contemplatif, ou motivationnel s'il est dans l'action, pour reprendre quelques notions contenues dans la Roue de Prochaska et Di Clemente que le Pr Pathak a citée lors de son intervention. Il s'agit, en tout état de cause pour le médecin, de sortir du confrontationnel afin que son patient puisse assimiler les informations qui lui sont données et mieux aborder la phase thérapeutique.
Des jeux de rôles pour les étudiants en médecine
Ces nouveaux comportements médicaux font d'ailleurs l'objet d'une expérience intéressante à Montpellier, où le Pr Marc Ychou, Directeur Général de l'Institut de Cancérologie de cette ville (ICM), s'est adjoint les services d'un metteur en scène de l'École Nationale d'Art Dramatique (ENSAD) de Montpellier. Celui-ci anime des jeux de rôle, où des étudiants en médecine sont mis en situation d'annonce de diagnostic grave, et par lesquels il leur apprend à moduler leur discours afin de rendre cette annonce moins violente. Cette expérience est relatée dans un film édité par l'ENSAD.
Les radiologues confrontés à la génération Y des patients
Médecins directifs devenu négociateurs, patients passifs et obéissant qui résistent désormais au changement, ont un accès facile à l'information et sont rompus aux pratiques digitales : nous ne résistons pas à faire le parallèle avec les méthodes de management auxquelles les responsables paramédicaux des services de soins, et donc d'imagerie, sont formés dans le but de faire adhérer des collaborateurs connectés, individualistes et souvent revendicatifs issus de la génération Y.
Oui, les radiologues de ce début de 21ème siècle sont en quelque sorte confrontés à la génération Y des patients…
Bruno Benque