À qui l'expérience patient en imagerie s'adresse-t-elle ?
MARDI 08 JUIN 2021
L'Institut français de l'expérience patient vient de publier un document sensé améliorer le vécu des patients lors de leurs passages en service d'imagerie médicale. Ce rapport reprend l'essentiel des critères de qualité des d'un bon service d'imagerie et ajoute des commentaires dérisoires sur leur amélioration. ON se demande quelle est l'utilité d'un tel document, sinon pour les patients eux-mêmes...

La démocratie sanitaire implique, depuis la Loi Kouchner de mars 2002, que les professionnels de Santé, quels qu’ils soient, s’appliquent à recueillir l’avis des patients sur la prise en charge dont ils ont fait l’objet.
L'Institut français Expérience patient s'attaque aux pratiques en imagerie médicale
Ces derniers font donc souvent valoir leurs droits et s’expriment sur leurs traitements, les explorations qu’ils subissent sans avoir toujours les connaissances requises pour une analyse pertinente. Depuis, les associations de patients occupent le terrain pour les grandes spécialités médicales et interviennent souvent pour informer les patients sur leurs pathologies. Mais connaissez-vous l’Institut français Expérience patient (Ifep) ?
Il s’agit d’une association créée en 2016 qui a pour but de contribuer à faire de l’expérience patient un levier de transformation du système de santé en France et qui est très active en organisant des colloques ou en menant des études pour évaluer le degré de satisfaction des populations sur des thématiques données. C’est dans ce cadre qu’elle e publié, en mai 2021, un document intitulé « Comment améliorer l’expérience patient en imagerie ? »
Un document qui reprend l'essentiel des critères de qualité d'un bon service de radiologie
Ce travail synthétise le recueil qualitatif du vécu des patients rencontrés aux moyens d’entretiens individuels, ou groupe, réunissant 5 à 8 patients volontaires pour échanger sur leur expérience et contribuer à l’amélioration des pratiques. Il identifie différentes thématiques à optimiser, notamment les informations reçues par le patient avant, pendant et après l’examen, le parcours, la place de l’humain et le contact avec les professionnels, le confort de l’examen, etc., en fait tous les items qui sont pris en compte dans les référentiels de qualité d’un service d’imagerie ou, plus largement, d’un service hospitalier.
Ce document édite d’autre part des axes d’amélioration identifiés et priorisés, selon deux approches complémentaires, la création de groupes de travail transverses, ou de groupes de travail « métier », pour homogénéiser les pratiques, « harmoniser le discours d’accueil des secrétaires ou le processus de scanner, pour que chaque patient vive le même déroulé, indépendamment de l’équipe à ses côtés », dit le rapport de synthèse. Sauf que chaque cas est particulier et il n’est pas pertinent de tout considérer selon le même moule…
Des commentaires dérisoires eu égard aux difficultés conjoncturelles du moment
Mais l’Ifep souhaite aller plus loin dans l’amélioration des pratiques notamment pour, lors de nouveaux investissements, le doter le service de « solutions technologiques et/ou architecturales impactant significativement l’expérience patient : nouveaux locaux évitant les croisements de flux patients, construction sur le principe de « la marche en avant », salles d’examens dotées d’ambiances lumineuses apaisantes », etc. Heureusement que l’Ifep est là, car personne n’avait pensé à mettre en place de tels équipements…
Trêve de plaisanterie, à une époque où la conjoncture économique n’est pas favorable, où les unités d’imagerie médicale luttent au quotidien pour essayer de suivre l’évolution technologique pour proposer à leurs patients de meilleurs outils diagnostiques, les conclusions du rapport de l’Ifep concernant l’homogénéisation des pratiques en imagerie semblent quelque peu dérisoires à côté des réels besoins des patients. Et elles relèvent de l’utopie car les possibilités d’investissement sont très inégales d’un cabinet à l’autre, d’un hôpital à l’autre.
Et pour finir, disons que les professionnels de l’imagerie médicale sont assez compliants et empathiques pour améliorer d’eux-mêmes leurs pratiques et offrir un environnement d’examen confortable, tout en leur assurant une qualité scientifique, à leurs patients. On se demande donc qui pourrait bien être intéressé par un tel document, à part les patients eux-mêmes...
Bruno Benque