ÉDITO - Les radiologues américains sur le qui vive après l'élection de Donald Trump
LUNDI 14 NOVEMBRE 2016
Les commentaires vont bon train depuis l’élection de Donald Trump à la Présidence des États-Unis. Le secteur sanitaire américain s’inquiète des annonces de campagne relative à l’arrêt de l’Obamacare. Le secteur de l’imagerie médicale en tête, lui qui a fait l’objet d’une croissance significative depuis la mise en place l’Affordable Care Act (ACA).

Voilà donc que, à revers de toutes les prévisions des instituts de sondages et des médias, Donald Trump a accédé, le 8 novembre 2016, à la Présidence des États-unis d’Amérique.
Les institutions régissant le système radiologique américain sur le qui vive
Et même s’il a été élu le jour même de la Journée internationale de la radiologie (IDor), le secteur du dispositif médical est en émoi outre-Atlantique, ses promesses de campagne allant à l’encontre des décisions prises sous l’ère Obama et annonçant quelques changements dans la conduite des affaires sanitaires américaines. Et ce d’autant plus que le parti républicain a fait carton plein, tant au sein de la Chambre des représentants qu’au Sénat, lui offrant ainsi une voie royale pour mener sa politique. Et déjà, Radiology Business Management Association (RBMA), le Federal Affairs Committee, l’American College of Radiology (ACR) et le RADiology Political Action Committee (RADPAC) sont sur le qui vive quant à l'évolution de la situation et quant aux intérêts des radiologues et des pratiques radiologiques dans un futur proche.
Des inquiétudes quant à la poursuite de l’Obamacare
Durant sa campagne, Donald Trump n’a cessé de remettre en question l’Affordable Care Act (ACA), plus connu sous le nom d’Obamacare, le processus de cotisation d’assurance maladie généralisé qui a permis à des millions d’américains des classes sociales défavorisées d’accéder à des soins de qualité, eux qui ne pouvaient pas souscrire à des assurances privées trop coûteuses pour pouvoir être éligibles. Avec ce virage à droite, on pourrait craindre que cette tendance soit remise en question. surtout si le Président élu nomme un de ses proches comme juge à la Cour suprême. Mais certains experts avancent tout de même que ce n’est pas joué, certains républicains n’étant, depuis toujours, pas d’accord avec lui et qu’il reste encore des démocrates pour faire contre-poids.
Les campagnes de dépistage bientôt mises en cause par la nouvelle administration ?
Si l’ACA devait être revu, voire démantelé, la situation devrait devenir difficile pour la prise en charge des classes défavorisées, alors même que, dans des États où la situation économique est très difficile, ce processus n’a pas eu beaucoup d’effets sur toutes les populations. Alors que la mortalité des noirs et des hispanophones a fortement baissé ces dernières années, elle augmente en effet dans les classes moyennes peu éduquées de certaines contrées de l’Amérique profonde. D’autre part, certains experts s’inquiètent de voir, à moyen terme, les campagnes de dépistage du cancer, notamment du sein, abandonnées ou l’échantillon de patients concernés par ces campagnes réduit.
Des répercussions sur le secteur de la radiologie
Par ailleurs, des dommages collatéraux devraient toucher le secteur de l’industrie des technologies de santé, la radiologie en première ligne. Nous rapportions dans nos colonnes l’effet positif qu’avait provoqué l’ACA spécifiquement sur le marché des modalités d’imagerie médicale aux États-Unis, un marché qui a fait l’objet, en 2015, d’une croissance à deux chiffres, entrainant une augmentation des embauches et des besoins en formation dans le secteur. Sans compter les expérimentations en cours pour favoriser une prise en charge de meilleure qualité et la réduction du nombre d’examens redondants. On comprend bien, dès lors, qu’un arrêt de l’Obamacare aurait des répercussions sur les besoins des établissements de santé en appareils de radiologie et, par conséquent, sur l’emploi des professionnels du secteur, tant soignants qu’industriels.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Le marché profite de l’élan créé par l’ACA, ce dernier n’a pas encore disparu. et on voit mal cet ultra-libéral mettre en difficulté un secteur dynamique de son économie.
Bruno Benque