L'AVC DE L'ENFANT: BIEN LE CONNAÎTRE POUR LE TRAITER À TEMPS
MARDI 15 SEPTEMBRE 2015
Le Congrès de la Société Francophone d'Imagerie Pédiatrique et Périnatale (SFIPP), qui s'est tenue les 11 et 12 septembre 2015 à Nice, a été l'objet d'une session très appréciée sur l'AVC de l'enfant. L'imagerie s'avère l'outil majeur de diagnostic pour les différentes composantes de cette maladie pas assez connue selon les orateurs.

Les symptômes de l'Accident Vasculaire Cérébral (AVC) de l'enfant sont mal connus des praticiens en général, si bien que la prise en charge de cette maladie est souvent effectuée avec un certain délai.
L'échographie comme mode d'exploration en périnatal
C'est ce qu'a révélé, en ouverture du Congrès annuel de la SFIPP le 12 septembre 2015 à Nice, le Dr Christian Richelme, neuropédiatre au sein de l'Hôpital Lenval de Nice. L'AVC de l'enfant est dix fois moins fréquent que chez l'adulte. Mais il provoque des séquelles souvent plus importantes, avec un taux de 20% de décès. Il peut être d'origine ischémique, hémorragique ou traumatique. L'AVC périnatal a un pronostic assez bon quant au déficit moteur qu'il peut engendrer, au contraire des déficits cognitifs ou comportementaux, plus importants. Pour le Dr Myriam Chami, qui a évalué sa prévalence à 1/10 000 grossesses, l'échographie est la modalité de base pour en découvrir l'étiologie ou les répercussions fonctionnelles sur le cerveau. Les images échographiques qu'elle a présentées ont montré des lésions ischémiques sur l'artère cérébrale moyenne ou des anévrismes de la veine de Galien avec communication artério-veineuse notamment.
Une cohorte de 80 patients suivis par le réseau français de référence
En post-natal, les AVC dus à une artériopathie cérébrale sont d'étiologies diverses, du sydrome post varicelle à l'infection, en passant par les maladies systémiques ou post-irradiation. Ils ont une prévalence de 1/4 000 naissances, soit 100 cas par an environ. Le Dr Béatrice Husson, radiopédiatre et coordonnateur du Réseau du Centre National de Référence pour l'AVC de l'enfant, a précisé lors de son intervention, que devant la clinique peu parlante de ces accidents ischémiques, l'imagerie est la clé du diagnostic. La cohorte française de jeunes patients suivis par ce réseau comprend 80 enfants. Ils présentent à 59% une évolution défavorable, dont 32% souffrent de paralysie plus ou moins prononcée, 28% un retard scolaire et 49% un retard de langage.
L'IRM, examen de référence pour l'AVC du nouveau-né
Contrairement à la phase périnatale, c'est l'IRM qui est l'examen préférentiel en post-natal, au détriment de l'échographie transfontanellaire. On y explore notamment des atteintes du faisceau cortico-spinal responsables d'hémiplégies. Les lésions emboliques, quant à elles, sont en général des thromboses de l'artère sylvienne créant des vascularisations parallèles assez rapidement, si bien que l'angiographie par IRM tardive n'est pas parlante. Du côté de l'AVC hémorragique, la symptomatologie est quant à elle aigüe. Il est du, le plus souvent, à des malformations vasculaires, des tumeurs cérébrales ou des affections hématologiques.
Des traitements sujets à discussion
Chez l'enfant et l'adolescent, enfin, la prévalence de l'AVC est de 2/100 000. Des épisodes aigüs de chutes ou de céphalées peuvent évoquer une affection de ce type, mais, dans 4 cas sur 5, la cause est toute autre. Le diagnostic est fait par une IRM sans injection, qui ne nécessite qu' 1/4h d'examen, où seront réalisées des séquences de diffusion, T2 écho de spin, FLAIR et une ARM du polygone de Willis, et des artères cervicales. Au rayon des traitements, un épisode embolique peut faire l'objet d'une thrombolyse pour les enfants de plus de 14 ans et plus de 40 kg. Si elle est réalisée dans les 3h, le pronostic peut s'avérer tout à fait satisfaisant. Des endarteriectomies sont également proposées mais cela a fait l'objet de discussions lors de la table ronde organisée en fin de session.
Au final, les orateurs clamé d'une seule voix la nécessité d'une formation spécifique des médecins généralistes, pédiatres et urgentistes sur ce thème, afin de réduire significativement les délais de prise en charge et réduire les séquelles auxquelles ces enfants ont à faire face.
Bruno Benque