La nécessité de développer l'élastographie en pédiatrie
MERCREDI 02 NOVEMBRE 2016
Les techniques d’élastographie, bien que peu présentes dans la littérature scientifique, commencent à trouver des applications efficientes en pédiatrie. Le Congrès de la SFIPP a été l’occasion de montrer que ses performances diagnostiques sont désormais très bonnes, comparées à la biopsie, notamment dans les cas de fibrose hépatique.

Le Congrès de la Société Francophone d’Imagerie Pédiatrique et Prénatale (SFIPP), qui s’est tenu à Toulouse en septembre 2016, a été l’occasion de faire le point, au cours d'une session dédiée aux innovations en échographie, sur les applications de l’élastographie ultra-sonore en pédiatrie.
Une présentation très technique pour débuter la session
Comme l’ expliqué le Dr Clément Escalard dans sa présentation très technique, l’élastographie permet d’évaluer l’élasticité, ou la dureté des tissus d’un organe en échographie, et désormais en IRM, soit de façon focale, soit de façon diffuse, comme pour évaluer la fibrose dans les hépatopathies chroniques. Elle se compose de 3 étapes: une phase d’excitation des tissus examinés où on leur applique une contrainte; une phase d’acquisition et une phase de post-traitement permettant d’afficher les valeurs de dureté des tissus. Les techniques d’élastographie ultrasonore sont de type statique, par l’étude de la déformation des tissus, ou dynamique par l’analyse de la vitesse de propagation d’une onde de cisaillement dans un tissu pour des résultats quantitatifs.
De bonnes performances diagnostiques comparées aux résultats de la biopsie
Beaucoup de pathologies hépatiques s’accompagnent d’une modification de la consistance du foie. C’est le cas de la fibrose, caractérisée par la dureté du foie. Le Dr Sophie Chapelière a quant à elle précisé dans son exposé sur les applications de cette technologie chez les enfants que, si elle est bien évaluée chez l’adulte, l’élastographie n’est que très peu représentée dans les études pédiatriques. Elle a toutefois stipulé que l’évaluation non invasive de la fibrose repose sur l’idée que l’augmentation de la dureté du foie est essentiellement en lien avec la présence de fibrose. L’ensemble des techniques d’élastographie ont montré de très bonnes performances diagnostiques, comparées à la biopsie hépatique, qui reste l’examen de référence.
Une littérature scientifique insuffisante sur le champ de la pédiatrie
Mais la plupart des séries pédiatriques comportent des cohortes hétérogènes en termes d’étiologie, rendant difficile l’analyse des seuils diagnostiques. Elle a ainsi appelé de ses voeux la mise en place d’études sur des groupes homogènes de pathologies pour établir les seuils diagnostiques des différents stades de fibrose. D’autres facteurs, comme la congestion veineuse, la cholestase, l’obstacle biliaire, l’inflammation ou l’infiltration tumorale peuvent modifier l’élasticité du foie. Par exemple dans l’hépatite aiguë, on constate une élévation des valeurs de dureté du foie en l’absence de fibrose, ces valeurs peuvant décroître lorsque le phénomène aigu est en cours de résolution.
La fibrose hépatique comme pathologie de référence pour l’utilisation de l’élastographie en pédiatrie
Le Dr Sophie Chapelière a ensuite développé quelques applications cliniques de cette technologie en pédiatrie. Ainsi, dans les cas de cholestase, l’élastographie peut aider au diagnostic différentiel entre atrésie des voies biliaires et cholestase médicale. Elle a toutefois rapporté des valeurs normales d’élastographie ne permettant pas d’exclure le diagnostic d’atrésie des voies biliaires. Pour le suivi de la fibrose hépatique en cours de traitement, elle a considéré que l’élastographie pourrait permettre d’éviter la biopsie. D’autre part, dans le cas d’anomalie biologique sans maladie connue, l’élastographie du foie pourrait permettre de déceler une pathologie hépatique à la place, là aussi, d’une biopsie.
L’étude couplée de la rate et du foie pour diagnostiquer une hypertension portale
Enfin, dans le suivi d’une transplantation hépatique, l’élastographie peut avoir un rôle essentiel. Durant la première semaine après la greffe, la dureté du foie augmente, puis diminue progressivement jusqu’à la quatrième semaine. En étudiant la rate, en même temps que le foie en post-greffe, si celle-ci présente une dureté accrue, il serait possible de diagnostiquer une hypertension portale. Un écho-doppler pourrit également améliorer les performances diagnostiques d’une telle exploration.
Au cours de cette session, le Dr Chantal Durand a rappelé la nécessité de permettre à tous les centres hospitaliers à visée pédiatrique de disposer d’une telle technologie. Le Dr Christiane Baunin, hôte de ce congrès très apprécié, quant à elle est revenue sur le manque de recul sur la fibrose des greffons rénaux fraîchement implantés. Cette session s’est terminée par quelques descriptions des applications de l’échographie de contraste sur les sujets jeunes ainsi que sur la technique dite Ultrafast.
Bruno Benque avec la SFIPP