Athérosclérose coronaire et NAFLD relèvent-ils d'un même processus métabolique ?
MERCREDI 29 OCTOBRE 2014
Une étude américaine menée par le Pr Puchner établit la relation entre la formation des plaques d'athérosclérose coronaires et de la stéatose hépatique non-alcoolique. Les deux pathologies, identifiables lors d'une seule acquisition d'angioscanner, auraient une origine systémique inflammatoire commune, ce qui reste à valider par d'autres investigations.

Des chercheurs américains travaillant sur l'angioscanner des artères coronaires ont mis en évidence une corrélation entre la présence de plaques d'athérome responsables de sténoses des coronaires et une pathologie hépatique classique. Les technologies modernes permettent, toujours d'après cette étude publiée dans Radiology, de détecter les deux affections en une seule acquisition.
Deux phénomènes inflammatoires étudiés sur une même acquisition
Alors que les obstructions intracoronaires à haut risque pour la survie des patients sont désormais aisément identifiables au scanner utilisant le gating cardiaque, les scientifiques américains ont étudié les associations pouvant se manifester entre ces plaques d'athérome et la stéatose hépatique non-alcoolique (NAFLD). Cette pathologie caractérisée par une fonction hépatique anormale est la maladie hépatique la plus communément répandue, avec des taux de 20 à 30% dans la population générale. “Nous savions que l'athérosclérose est liée à une inflammation, précise le Dr Stefan B. Puchner, du Massachusetts General Hospital, de la Harvard Medical School de Boston et de la Medical University de Vienne. A partir de ce constat, nous avons cherché des associations avec d'autres manifestations inflammatoires systémiques, comme la NAFLD. L'avantage réside dans le fait que ces deux pathologies peuvent être détectées au cours d'une seule acquisition.”
Des résultats significatifs à mettre en perspective
Les chercheurs ont collectionné les données d'une étude réunissant un nombre important d'angioscanners coronaires pratiqués sur des patients ayant été admis en urgence pour des douleurs thoraciques aigües. Les explorations étaient tout d'abord non injectées, afin de mettre en évidence d'éventuelles calcifications, puis injectées pour détecter les sténoses dues aux plaques d'athérosclérose. Sur les 445 patients pris pour cible, 182, soit 40.9%, présentaient une NAFLD, parmi lesquels 59.3% étaient sujets à une plaque d'athérosclérose coronarienne. Ce résultat est donc en faveur d'un processus systémique identique pour ces deux pathologies, un syndrome métabolique. Le Pr Puchner souhaite maintenant élargir le champ d'étude en dehors du contexte d'urgence pour s'assurer que les résultats obtenus s'appliquent à la population en général, et confirmer la prévalence de la NAFLD sur les patients atteints d'athérosclérose coronaire, de par leur origine inflammatoire systémique commune.
Bruno Benque