L'emploi médical temporaire montré du doigt par le SRH
LUNDI 03 FéVRIER 2014
Le rapport Veran consacré aux dérives de l'emploi médical temporaire à l'hôpital témoigne de pratiques discutables, que dénonce le Syndicat des Radiologues Hospitaliers. Pour stopper les rémunérations très élevées ou les conditions très avantageuses dont bénéficient les médecins contractuels, ce document élabore une série de propositions qui devraient, si elles sont mises en œuvre, réguler ces pratiques.

Depuis quelques temps, les radiologues hospitaliers montent régulièrement au créneau afin d'exprimer leur mécontentement, leurs conditions de travail ne cessant de se détériorer. Ils ont, le 19 décembre 2013, rédigé un communiqué dénonçant notamment les emplois médicaux temporaires et interpellant la Ministre des affaires sociales et de la Santé à ce sujet.
Des rémunération multipliées par trois
Le Syndicat des Radiologues Hospitaliers (SRH) est très actif sur le front de la continuité des soins, ainsi que des conditions de travail de ses adhérents. A l'automne 2013, notamment, ils avaient tiré la sonnette d'alarme devant la recrudescence des cas de burn-out et de harcèlement, un épisode que nous relations dans nos colonnes. Ils contestent aujourd'hui, dans un communiqué daté du 19 décembre 2013, l'utilisation massive des emplois médicaux temporaires, qui coûteraient aux hôpitaux quelques 500 millions d'euros par an. Alors qu'un praticien hospitalier est rémunéré à hauteur de 260 € nets par jour travaillé, et de 600 € pour une garde de 24h, les "mercenaires" toucheraient quant à eux 650 € nets par jour et 1300 € par garde, auxquels s'ajoutent des frais annexes d'hébergement ou de bouche.
Des gardes surnuméraires non justifiées
Ils s'interrogent également sur la qualité de la prise en charge des patients par ces confrères moins impliqués globalement dans le projet médical et dont les compétences sont souvent remises en cause. Le communiqué parle même de pratiques non réglementaires des directions d'hôpitaux, qui, pour retenir les médecins temporaires, leur octroieraient des "cadeaux" sous la forme, par exemple, de gardes surnuméraires non justifiées par la continuité des soins.
Des propositions cohérentes qui devront être mises en pratique
Ces faits et chiffres s'appuient sur les conclusions d'un rapport mené par un groupe de parlementaires de la Commission des Affaires Sociales de l'Assemblée Nationale, dirigé par le Député de l'Isère Olivier Veran. Ce document dénonce les dérives du marché de l'emploi médical temporaire à l'hôpital public et élabore une série de propositions afin de mettre fin aux abus dans ce secteur. Ils souhaitent notamment que les jeunes radiologues s'intéressent plus aux structures autres que les CHU en améliorant leur attractivité. Il s'agit également de plafonner le niveau de rémunération des médecins contractuels et renforcer le contrôle du respect de la réglementation afin de réduire les abus.
Reste à savoir si ces bonnes paroles seront suivies d'effets, le SRH étant semble-t-il peu entendu par le ministère. Il ne participera pas, par exemple, comme il l'avait demandé, aux discussions avec l'Assurance Maladie sur les tarifs des Actes et Consultations Externes (ACE) en structure publique.
Bruno Benque