Recommandations pour identifier la maltraitance infantile en imagerie
MARDI 01 AVRIL 2025
Dans la série ESR Essentials, la société savante européenne vient de publier, dans la Revue European Radiology, des conseils utiles pour que les radiologues généralistes puissent identifier la maltraitance infantile par imagerie. Ils ont ainsi édité une feuille de route pour l’évaluation et le suivi des jeunes patients présentant des signes symptomatiques, ou pas, ainsi qu’une série de recommandations classées selon l’âge des enfants.

La maltraitance infantile est un phénomène mondial caractérisée par des violences physiques graves 120 fois plus fréquentes chez les nourrissons que chez les enfants de plus de 5 ans. Dans sa série ESR Essentials, l’European Society of Radiology (ESR) fait un focus sur cette problématique en publiant, dans la Revue European Radiology, des recommandations pour identifier, par l’imagerie, les cas de maltraitance infantile.
L’ESR publie des recommandations utiles pour que les radiologues généralistes puissent identifier la maltraitance infantile
L'enfant maltraité est souvent non verbal et peut présenter des symptômes diffus et non spécifiques de lésions occultes, notamment en cas de traumatisme crânien ou abdominal. L'imagerie est donc essentielle au diagnostic mais il s'agit d'un domaine complexe pour le radiologue généraliste. C’est pour lui que cet article a été élaboré afin de garantir des soins de qualité uniforme, fondés sur la littérature actuelle. Il disposera ainsi d’une référence documentaire utile pour l'imagerie en cas de suspicion de maltraitance infantile, avec des parcours clairs et adaptés à chaque âge pour une imagerie, ainsi qu’un suivi appropriés et fondés sur des données probantes.
Une feuille de route pour l’évaluation et le suivi des jeunes patients présentant des signes symptomatiques
Les radiologues européens qui ont travaillé sur ce texte proposent une feuille de route pour l'évaluation et le suivi par imagerie de cette cohorte importante et vulnérable de patients présentant des signes et symptômes évoquant des blessures infligées. Selon l'âge des enfants, ils éditent un organigramme du parcours d'imagerie approprié pour les nourrissons, les jeunes enfants et les enfants plus âgés, ce qui facilite la sélection des enfants devant bénéficier d'une étude squelettique, d'une tomodensitométrie (TDM) cérébrale sans contraste et d'une IRM du cerveau et du rachis.
Une série de recommandations classées selon l’âge des enfants
Leurs principales recommandations ciblent tout d’abord l’enfant de moins d’un an à qui, en cas de suspicion de traumatisme lié à la maltraitance, on applique un protocole d'imagerie initial approprié, à savoir un examen squelettique et une TDM cérébrale sans injection de produit de contraste en 3D. Chez l'enfant de 1 à 2 ans, la TDM cérébrale doit être envisagée au cas par cas, tandis que chez l'enfant de 2 à 5 ans les deux examens doivent être envisagés au cas par cas (niveau de preuve : faible).
D’autre part, un examen squelettique de suivi limité (incluant systématiquement le thorax et le squelette appendiculaire uniquement) après 11 à 14 jours est pratiqué afin augmenter la sensibilité de l'imagerie initiale et est obligatoire en cas de suspicion de maltraitance (niveau de preuve : faible).
Enfin, si la TDM cérébrale est normale, mais que l’enfant présente une neurologie anormale et/ou un indice élevé de suspicion clinique de maltraitance physique, une IRM cérébrale et rachidienne entière doit être réalisée dans les 2 à 5 jours (niveau de preuve : faible).
Paco Carmine