Henri Guerini : « Ne touchez pas à l'acte intellectuel ! »
LUNDI 27 JANVIER 2014
L’avenant 8 à la convention médicale signé à l’automne 2012 entre la CNAM et les syndicats de praticiens, a donné naissance à l'URF. Nous avons rencontré le Dr Henri Guerini, Président de cette association de radiologues, l'un des instigateurs de la fronde qui a suivi l'annonce de ce qu'il considère comme une injustice.

Les baisses successives de la valorisation des actes d'imagerie ont fait grincer quelques dents ces derniers temps. Le fameux « Avenant 8 » à la convention médicale a en effet fortement impacté les radiologues, ainsi que les biologistes, les stigmatisant par rapport aux autres spécialités.
L'avenant 8, événement fondateur de l'URF
A l'annonce de cette convention tarifaire, une pétition a été lancée au printemps 2013 auprès des radiologues, sous l'impulsion du Dr Henri Guerini et du Dr David Petrover, recueillant en quelques semaines plus de 2 000 signatures. Devant cet engouement, les deux praticiens décidèrent de créer une association, l'Union des Radiologues de France (URF). « Nous ne sommes pas un syndicat, tient à préciser Henri Guerini, désormais président de l'URF, nous sommes une association dont le but est de rassembler nos confrères devant ce que nous considérons comme une injustice qui, à terme, impactera gravement la qualité des actes par l’augmentation des cadences et le développement d’une radiologie Low-cost. »
« La radiologie a été stigmatisée ! »
Le mécontentement s’est ensuite matérialisé, dès l'été 2013 par une action menée par la SIMS (société d’imagerie musculo-squelettique), qui déposa un référé en urgence auprès du conseil d’État. « Nous nous sommes beaucoup impliqués pour aider la Société d'Imagerie musculo-squelettique que nous soutenons. La SIMS a d’abord tenté d’interpeller la CNAM sur la baisse injustifiée de l’acte intellectuel d’IRM ostéo-articulaire, sans résultat. Elle a donc dans un premier temps, au coté de centaines de radiologues, engagé le référé, pour lequel elle a été déboutée. L'action se place aujourd'hui sur le fond, et le conseil d’État est en train de l'examiner ». « Baisser l’acte intellectuel en IRM est une insulte à la profession. Il n’y a aucune justification à cela puisque le forfait technique censé tenir compte de l’évolution du cout du matériel ne cesse de baisser d’année en année. Qui oserait baisser la valeur de l’acte intellectuel d’une consultation de spécialiste ? Cela a pourtant été signé pour la radiologie.» Sur le fond et de manière plus générale, l’URF n'accepte pas que la radiologie soit représentée comme un réservoir dans lequel on peut puiser sans fin pour soi-disant financer les autres spécialités. « La radiologie a été purement et simplement stigmatisée dans l'avenant 8 ! »
Participer aux nouvelles négociations
Henri Guerini et David Petrover étaient assez remontés à l'époque de la parution de ces baisses, devant « le silence du G4 qui n’avait pas condamné la signature de cet avenant par les syndicats transversaux censés représenter toutes les spécialités (CSMF, SML) ». Depuis, le dialogue parait renoué, la FNMR, lors d'un débat au cours des JFR 2013, semblant ne plus accepter la moindre baisse de la nomenclature. « Depuis que la SFR nous a permis de nous exprimer lors des JFR2013, les discussions sur la valorisation des actes semblent avoir repris et nous comptons faire entendre la voie de l’URF, conclut Henri Guerini. Nous espérons que l’année 2014 soit favorable à la radiologie et nous espérons beaucoup de l’action au conseil d’État qu’a menée la SIMS et 400 radiologues, car il s’agit du premier sursaut de la profession. »
L’URF entend continuer à être le poil à gratter de la profession, dans une affaire qui impacte un grand nombre de radiologues publics et privés.
Bruno Benque