La tomosynthèse pour dépister la spondylarthrite axiale
MERCREDI 13 DéCEMBRE 2023
Une équipe française a évalué la pertinence de la tomosynthèse pour dépister la spondylarthrite axiale par l’imagerie médicale. Ce travail, publié dans la Revue Research in Diagnostic and Interventional Imaging, s’attache à différentier les sacro-iliites aux moyens de cette technologie modérément irradiante pour effectuer le diagnostic.

La spondyloarthrite axiale (SpA) est difficile à diagnostiquer en raison de la grande hétérogénéité de ses manifestations cliniques. Le diagnostic repose généralement sur un examen clinique associés à un test du gène HLA B27 et une exploration radiologique des articulations sacro-iliaques pour détecter les signes de sacro-iliite.
Les différentes formes de sacro-iliite explorées en imagerie médicale
La sacro-iliite constitue en effet un critère diagnostique majeur selon la classification de New York basée sur la radiographie et la plus récente classification de l'Assessment of Spondyloarthritis International Society (ASAS) utilisant la radiographie conventionnelle ou l’IRM. L’arthrose sacro-iliaque est la principale entité prise en compte dans le diagnostic différentiel des sacro-iliites car elle est 20 fois plus fréquente. Les critères ASAS d'IRM de la sacro-iliite, basés principalement sur la détection de l'œdème médullaire, ont des limites, notamment en raison de faux positifs lors du dépistage de patients obèses, âgés ou très actifs physiquement.
Une étude évalue la pertinence de la tomosynthèse pour dépister la spondylarthrite axiale
Cependant, la combinaison de ces critères avec des évaluations de changements structurels (par exemple érosion, altération de l'espace articulaire, sclérose et ankyloses) peut améliorer la spécificité, grâce à la tomodensitométrie (TDM), mais l'exposition aux radiations peut poser problème notamment chez les jeunes patients. De plus, contrairement à l’IRM, dans la pratique clinique actuelle, la TDM ne permet pas de détecter un œdème osseux. C’est la raison pour laquelle une équipe française a réalisé une étude, publiée dans la Revue Research in Diagnostic and Interventional Imaging, qui explore la pertinence de la tomosynthèse pour déceler cette pathologie.
Différentier les sacro-iliites des images normales ou des lésions dégénératives
La tomosynthèse, basée sur la reconstruction de plusieurs radiographies planaires et utilisée depuis longtemps en imagerie du sein, évite le chevauchement anatomique, ce qui peut être utile dans l'évaluation des articulations sacro-iliaques inclinées. Cette technologie est désormais largement disponible et peu coûteuse, ce qui justifie son utilisation dans le dépistage de la SpA plutôt que la TDM, mais également moins irradiante. Cette étude prospective a pour objectif de comparer les performances de la tomosynthèse et de la radiographie pour la différenciation des sacro-iliites par rapport aux articulations sacro-iliaques normales ou dégénératives sur la base de la détection de dommages structurels chez les patients suspectés de SpA, tout en utilisant la TDM comme gold standard.
Une technologie tout à fait appropriée pour dépister la sondylarthrite axiale avec une irradiation modérée
Des radiographies, des tomosynthèses et des scanners des articulations sacro-iliaques (29 patients) ont été réalisés le même jour chez des patients consécutifs avec suspicion de SpA. Les examens ont été lus rétrospectivement indépendamment, en aveugle par deux radiologues (un junior et un senior, et deux fois par un junior). L’accord inter-observateur et intra-observateur a été évalué à l’aide du coefficient kappa. Les doses efficaces pour chaque sensibilité, spécificité et précision d'imagerie ont été évaluées et comparées à la TDM.
Ce travail a montré que la TDM a détecté 15/58 articulations atteintes de sacro-iliite. La sensibilité, la spécificité et la précision de l'imagerie étaient respectivement de 60 %, 84 % et 44 % pour la radiographie et de 87 %, 91 % et 77 % pour la tomosynthèse. La dose efficace moyenne pour la tomosynthèse était cinq fois inférieure à celle de la TDM et huit fois supérieure à celle de la radiographie. Les chercheurs en ont conclu que la tomosynthèse se montre pertinente pour la détection de la sacro-iliite chez les patients suspectés de SpA, et 5 fois moins irradiante que la TDM.
Bruno Benque avec la SFR