Irrégularités corticales fémorales bénignes chez les jeunes sportifs
MARDI 16 JUIN 2020
Les lésions osseuses sur la partie distale du fémur sont une découverte courante mais bénigne à l'IRM chez les jeunes skieurs alpins de compétition. Selon une étude publiée dans la Revue Radiology, ces lésions ne doivent pas être confondues avec des affections plus graves et sont en faveur d'une limitation d'explorations complémentaires invasives.

L'IRM systématique du genou chez les adolescents révèle souvent des irrégularités de type tumoral dans le fémur distal. Ces irrégularités affectent l'os cortical, si bien qu’elles sont appelées irrégularités corticales fémorales distales (DFCI). Les DFCI conduisent souvent à une incertitude diagnostique car elles peuvent être confondues avec des images plus graves comme le cancer ou l’ostéite.
Comprendre la pathogénèse des irrégularités corticales fémorales distales
Avec un nombre croissant d'examens d'IRM effectués chez de jeunes patients, la détection des DFCI est susceptible d'augmenter, car l'IRM a une sensibilité plus élevée pour détecter les lésions que les rayons X, selon l'auteur principal d’une étude publiée sur ce thème dans la Revue Radiology, le Dr Christoph Stern, radiologue musculo-squelettique à l’Hôpital de l'Université Balgrist de Zurich (Suisse). "Notre objectif était de mieux comprendre la pathogenèse des DFCI et de réduire l'incertitude dans le diagnostic de cette affection bénigne, qui ne doit pas être confondue avec des pathologies cancéreuses", précise-t-il.
Focus sur les insertions du gastrocnémien et de l’adducteur magnus
Dans cette étude, première du genre, le Dr Stern et ses collègues ont étudié la prévalence du DFCI chez les jeunes skieurs de compétition par rapport à un groupe témoin de jeunes adultes. Les skieurs de compétition sont exposés à une activité physique élevée et à des cycles de chargement périodiques de l'articulation du genou qui sont susceptibles d'affecter les os et le tissu conjonctif de l'articulation. Les chercheurs ont comparé les IRM du genou de 105 jeunes skieurs alpins de compétition avec ceux de 105 témoins du même groupe d'âge, de 2014 à 2019. Ils ont recherché la présence de DFCI dans deux zones d’insertion des tendons sur les os : celle du muscle jumeau (gastrocnémien) - muscle principal du mollet – sur le fémur, et celle muscle adducteur magnus de sur la face interne du fémur.
Des lésions plus fréquentes chez les skieurs de compétition
Un DFCI a été trouvé chez plus de la moitié des jeunes skieurs de compétition (58,1%), contre un peu plus du quart des contrôles (26,7%). Ils ont été observés aux sites d'attachement des tendons, principalement à l’insertion du muscle gastrocnémien pour les skieurs et ainsi que pour les contrôles. "Les DFCI sont des lésions bénignes et leur apparition autour de l'articulation du genou est associée à des contraintes mécaniques répétitives aux sites d’insertion des tendons dans l'os, poursuit Dr Stern. Le DFCI ne doit pas être confondu avec une tumeur maligne et n'est pas associé à des lésions intra-articulaires."
La théorie la plus courante derrière l'occurrence du DFCI est celle d'une "lésion de traction subite" résultant de contraintes mécaniques répétitives à l’endroit où les tendons se fixent à l'os. "Selon les résultats histologiques du DFCI, qui ont identifié un processus réactif, nous supposons qu'il doit y avoir une augmentation du remodelage osseux avec résorption et prolifération fibreuse sur le site d’insertion tendineux, plus prononcée chez les jeunes athlètes de compétition", ajoute-t-il.
Des recommandations pour leur faire éviter des explorations complémentaires invasives
Des résultats similaires sont susceptibles d'être trouvés dans d'autres groupes d'athlètes qui exercent une pression répétitive sur les muscles gastrocnémiens, notamment dans les sports qui impliquent des sauts. "Cela s'appliquerait aux joueurs de basket-ball et de volley-ball, prédit par exemple le Dr Stern. Cela pourrait également s'appliquer aux haltérophiles qui sont exposés à des états de tension similaires et à une charge excessive des muscles gastrocnémiens comme les skieurs pendant l'exercice."
Les chercheurs recommandent d'éviter les procédures de diagnostic invasives telles que les biopsies chez ces patients en raison du caractère bénin, généralement asymptomatique et auto-limitant au fil du temps des DFCI typiques aux sites d’insertion des tendons. Cependant, un suivi par IRM pourrait être justifié, ont-ils déclaré, en particulier dans les rares cas où le DFCI provoque des douleurs et d'autres symptômes.
Bruno Benque avec RSNA