L'entéro-IRM serait efficace pour mesurer l'activité de la maladie de Crohn
MERCREDI 15 JANVIER 2025
Les avantages de l’entéro-IRM pour l’étude de la maladie de Crohn ne sont plus à démontrer. Mais pour bien évaluer la pathologie sur l’iléon terminal, des chercheurs britanniques souhaitent adopter une approche volumétrique pour l’exploration du volume de la maladie avant et après traitement. Ils décrivent leur expérience dans un article publié dans la Revue European Radiology et valident l’entéro-IRM pour mesurer par volumétrie l’activité de la maladie de Crohn.

L'échographie intestinale et l’entéro-IRM (EIRM) sont désormais largement utilisées pour le diagnostic et la surveillance de la maladie de Crohn, notamment pour évaluer l'activité de la maladie et la réponse au traitement.
Les avantages de l’entéro-IRM pour l’étude de la maladie de Crohn
La capacité de l'IRM à agir comme biomarqueur de l'activité de la maladie a été largement validée par rapport aux normes de référence endoscopiques, histologiques et biochimiques, et divers scores d'activité ont été proposés, notamment l'indice d'activité par résonance magnétique simplifié (sMARIA) et les scores de Londres. Mais ces systèmes de notation sont rarement utilisés dans la pratique clinique et l’interprétation de l’EIRM reste subjective avec une concordance inter-observateur modérée.
Adopter une approche volumétrique pour explorer l’iléon terminal
L'épaisseur de la paroi intestinale est un paramètre clé dans l'évaluation de l'activité de la maladie de Crohn, mais il est nécessaire d’adopter une approche volumique totale de la maladie par opposition à la « mesure en coupe unique » qui constitue la base de tous les scores d’activité EIRM validés. D’autre part, il existe un intérêt croissant pour la guérison transmurale de la maladie de Crohn comme alternative à la guérison muqueuse, car elle génère de meilleurs résultats à long terme pour les patients. L'imagerie transversale est ici fondamentale pour évaluer la guérison transmurale de manière volumétrique complète.
Exploration du volume de la maladie avant et après traitement
Dans un article publié dans la Revue European Radiology, des chercheurs britanniques tentent d’évaluer la faisabilité technique de la mesure volumétrique de l’iléon par EIRM, d’explorer la relation entre le volume et l'activité de la maladie sous-jacente, et de voir si les changements volumétriques de la charge de morbidité pourraient potentiellement refléter la réponse induite par une thérapie biologique.
Pour ce travail, les chercheurs ont placé ligne centrale à travers la lumière de l'iléon terminal, définissant ainsi la longueur de l'intestin malade sur la séquence non saturée en graisse pondérée en T2, utilisée par deux radiologues pour segmenter indépendamment la paroi intestinale afin de mesurer le volume. Dans une seconde phase, ils ont mesuré le volume de la maladie chez les patients traités avec des produits biologiques, et ayant fait l’objet d’une EIRM avant et après le traitement.
Les chercheurs valident l’entéro-IRM pour mesurer la volumétrie de l’iléon terminal dans la maladie de Crohn
Dans la phase 1, la moyenne des volumes mesurés par le radiologue a été utilisée pour l’analyse. Le volume médian de la maladie chez les personnes atteintes de maladie de Crohn endoscopiquement active était de 20,9 cm3 contre 5,7 cm3 avec une endoscopie normale. La différence moyenne du volume de la maladie entre les radiologues était de 3,0 cm3. Le volume médian de la maladie pour maladie de Crohn active selon sMARIA était de 15,0 cm3 par rapport aux 2,85 cm3 correspondant à la maladie inactive. Les volumes médians de la maladie avant et après traitement étaient respectivement de 28,5 cm3, 11 cm3 chez les répondeurs biologiques, contre 26,8 cm3 et 40,1 cm3 chez les non-répondeurs.
Les chercheurs en ont conclu que la mesure volumétrique de l’iléon distal dans la maladie de Crohn par EIRM est réalisable, liée à l'endoscopie et à l'activité sMARIA, et qu’elle est sensible aux produits biologiques.
Paolo Royan