L'IRM de diffusion explore les lésions cérébrales chez les joueurs de football
JEUDI 19 DéCEMBRE 2024
La santé cérébrale des joueurs de football qui utilisent souvent la tête fait aussi l’objet d’explorations dédiées. C’est ainsi que des chercheurs ont utilisé l’IRM de diffusion pour identifier les lésions créées dans les régions cérébrales superficielles. Ils ont présenté leurs travaux, lors du congrès 2024 de la RSNA, qui montraient des anomalies structurelles qui entraînent des déficits cognitifs à distance.

Après avoir relaté un travail de recherche, présenté au congrès 2024 de la RSNA, sur les commotions cérébrales dont sont victimes les joueurs de football américain, nous nous intéressons ici aux dégâts que peuvent faire les coups de tête répétés donnés par les joueurs de football (soccer).
La santé cérébrale fait aussi l’objet d’explorations pour les joueurs de football qui utilisent souvent la tête
Ces dernières années, des recherches ont été menées suggérant un lien entre les impacts répétés de la tête et les maladies neurodégénératives, telles que l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Une nouvelle étude a été présentée durant ce même congrès qui utilise l’IRM de diffusion pour explorer la microstructure proche de la surface du cerveau.
« Les effets potentiels des impacts répétés de la tête dans le sport sont beaucoup plus étendus qu'on le supposait auparavant et affectent des endroits similaires à ceux qui surviennent lors d’une pathologie CTE, annonce l'auteur principal de l'étude, le Pr Michael L. Lipton, professeur de radiologie au centre médical Irving de l'Université Columbia à New York (USA). Cela soulève des inquiétudes quant aux effets néfastes à retardement des impacts à la tête. »
Des chercheurs utilisent l’IRM de diffusion pour identifier les lésions créées dans les régions cérébrales superficielles
Alors que des études antérieures ont identifié des lésions de la substance blanche du cerveau chez les joueurs de football, le Dr. Lipton et ses collègues ont utilisé l’IRM de diffusion pour analyser la microstructure cérébrale superficielle. Pour identifier comment les impacts répétés de la tête affectent le cerveau, les chercheurs ont comparé les IRM cérébrales de 352 joueurs de football amateurs, hommes et femmes, âgés de 18 à 53 ans, aux IRM cérébrales de 77 athlètes sportifs sans collision, tels que les coureurs.
Les joueurs de football qui frappaient souvent le ballon de la tête ont montré une anomalie de la substance blanche du cerveau adjacente aux sillons, qui se trouvent dans la partie superficielle du cerveau, comme s’il s’agissait de traumatismes crâniens très graves. Les anomalies étaient plus importantes dans le lobe frontal du cerveau, zone la plus susceptible d'être endommagée par un traumatisme et fréquemment touchée lors d'un match de football. Des impacts de tête plus répétitifs étaient également associés à un apprentissage verbal plus faible.
Des anomalies structurelles détectées qui entraînent des déficits cognitifs à distance
« Notre étude a montré que les anomalies de la substance blanche représentent un mécanisme qui conduit à de moins bonnes performances cognitives », ajoute le Pr Lipton. La plupart des participants à l’étude n’avaient jamais subi de commotion cérébrale ni reçu de diagnostic de traumatisme crânien. Cela suggère que des impacts répétés à la tête, qui n’entraînent pas de blessures graves, peuvent néanmoins avoir des effets néfastes sur le cerveau.
« L'étude identifie des anomalies structurelles du cerveau résultant d'impacts répétés à la tête chez des athlètes en bonne santé, poursuit-il. Les anomalies survenant dans les endroits les plus caractéristiques du CTE sont associées à une moins bonne capacité à apprendre une tâche cognitive et pourraient affecter le fonctionnement cérébral à l'avenir. » Les résultats de cette étude s’appliquent également aux traumatismes crâniens liés à d’autres sports de contact. Les chercheurs soulignent l’importance de connaître les risques d’impacts répétés à la tête et leur potentiel de nuire à la santé cérébrale au fil du temps.
Paolo Royan