Un connectome pour observer l'évolution de la maladie de Parkinson par IRM
MARDI 25 JUIN 2024
L'organisation structurelle et fonctionnelle du cerveau explorée par IRM peut prédire la progression de l'atrophie cérébrale chez les patients atteints de la maladie de Parkinson légère à un stade précoce. Une étude italienne publiée dans la Revue Radiology nous le confirme tout en appelant à affiner et à personnaliser le processus selon l’état du patient.

La maladie de Parkinson, trouble évolutif caractérisé par des tremblements, une lenteur des mouvements ou une rigidité, ainsi que, à terme, des troubles cognitifs et des problèmes de sommeil, touche plus de 8,5 millions de personnes dans le monde et sa prévalence a doublé au cours des 25 dernières années, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une cartographie IRM des connexions structurelles et fonctionnelles cérébrales pour prédire la propagation de la maladie de Parkinson
L'une des caractéristiques distinctives de la maladie de Parkinson est la présence de versions altérées de la protéine alpha-synucléine dans le cerveau sous forme d'amas mal repliés à l'intérieur des cellules nerveuses, les corps de Lewy et les neurites de Lewy.
Une étude italienne publiée dans la Revue Radiology se propose de réaliser une cartographie des connexions structurelles et fonctionnelles à travers le cerveau et de voir si elle pouvait être utilisée pour prédire les schémas de propagation de l'atrophie chez les patients atteints d'une forme légère de la maladie de Parkinson.
Une atrophie cérébrale bien documentée grâce au connectome créé
Les chercheurs ont utilisé les données IRM de 86 patients atteints de la maladie de Parkinson légère et de 60 participants témoins en bonne santé pour générer le connectome, une carte structurelle/fonctionnelle des connexions neuronales du cerveau. Les chercheurs ont utilisé le connectome pour développer un indice d’exposition aux maladies.
L'exposition à la maladie à un an et deux ans était corrélée à une atrophie deux ans et trois ans après le début de l'étude. Les modèles incluant l’exposition à la maladie prédisaient l’accumulation d’atrophie de la matière grise sur trois ans dans plusieurs zones du cerveau.
Une propagation de la maladie favorisée par les connexions structurelles et fonctionnelles
« Dans la présente étude, le connectome cérébral, à la fois structurel et fonctionnel, a montré le potentiel de prédire la progression de l'altération de la matière grise chez les patients atteints d'une forme légère de la maladie de Parkinson », explique la co-auteure de l'étude, le Pr Federica Agosta, professeure agrégée de neurologie à l'unité de recherche en neuroimagerie de l'Institut scientifique IRCCS San Raffaele de Milan (Italie).
Les résultats soutiennent la théorie selon laquelle les connexions fonctionnelles et structurelles entre les régions du cerveau pourraient contribuer de manière significative à la progression de la maladie de Parkinson. « La perte de neurones et l'accumulation de protéines anormales peuvent perturber les connexions neuronales, compromettant la transmission des signaux neuronaux et l'intégration des informations dans différentes régions du cerveau », ajoute le Pr Agosta.
Un schéma qui doit être affiné et personnalisé selon l’état des patients
Les résultats de l'étude soulignent le rôle de l'IRM dans les essais d’actions de prévention ou de ralentissement de la progression de la maladie, en particulier lorsque les informations individuelles des patients sont incorporées dans le modèle. Étant donné que la progression de la maladie de Parkinson diffère probablement d'un individu à l'autre, les futurs modèles devraient prendre en compte différentes situations de départ et incorporer des informations spécifiques à chaque individu pour une efficacité optimale.
« Nous pensons que comprendre l'organisation et la dynamique du réseau cérébral humain est un objectif crucial en neurosciences, réalisable grâce à l'étude du connectome humain, conclut le Pr Agosta. L’idée que cette approche pourrait aider à identifier différents biomarqueurs capables de moduler la progression de la maladie de Parkinson inspire nos travaux. »
Bruno Benque avec RSNA