L'impact prépondérant des biomarqueurs dans l'imagerie des syndromes de démence
LUNDI 29 JANVIER 2024
Comment différentier la maladie d’Alzheimer de la Démence à corps de Lewy lorsque l’on identifie une atrophie corticale à l’IRM ? Un article publié dans l'European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (JNMMI) met en lumière l’importance des biomarqueurs pour ne pas se tromper de diagnostic.

L'European Journal of Nuclear Medicine & Molecular Imaging (JNMMI) publie un cas clinique décrivant l’état d’un homme de 72 ans adressé au neurologue pour des troubles de la mémoire, des fonctions exécutives et visuospatiales au cours de la dernière année associés à des difficultés à manipuler des objets, un léger ralentissement moteur et des chutes.
L’IRM mettait en évidence une atrophie corticale temporo-latérale et postéro-pariétale. Le syndrome a été décrit comme une atrophie corticale postérieure (ACP) [1]. Pour différencier la Maladie d’Alzheimer (MA) de la Démence à Corps de Lewy (DCL), le patient a fait l’objet d’une scintigraphie cardiaque à la [123I] méta-iodobenzylguanidine (MIBG) qui s’est avérée qualitativement normale avec un rapport cœur/médiastin limite. La scintigraphie au [18F]-FDG a montré un hypométabolisme dans le cortex temporo-pariétal bilatéral et le précuneus.
Sur la base des résultats du MIBG et de la scintigraphie, le patient a été étiqueté comme souffrant d’ACP/MA. Il a ensuite été recruté dans une étude expérimentale sur la MA atypique et a été exploré par scintigraphie au [18F]-florbetaben qui a confirmé un schéma postérieur (imagerie de perfusion précoce) et s'est révélé positif à l'amylose cérébrale.
Après 1 an, le patient présentait une hypomimie et une bradykinésie. Compte tenu de l'évolution du syndrome, pour différencier davantage les deux syndromes (MA et DCL) dans ce cas, une imagerie du transporteur de dopamine (DAT-SPECT) a été pratiquée, confirmant la neurodégénérescence dopaminergique et conduisant à un diagnostic final de DCL avec MA comorbide.
Ce cas souligne l'impact des biomarqueurs pour le diagnostic étiologique de la démence. Il pose la question de l’impact de la séquence d’utilisation des biomarqueurs sur le diagnostic final : un DAT-SPECT anormal en premier examen aurait conduit à un diagnostic de DLB et l’impact de l’amylose cérébrale aurait pu être négligé. Dans les essais cliniques, les indicateurs de copathologie pourraient être utilisés comme critères d'exclusion ou pour établir l'efficacité dans une population plus large dans des analyses de sous-ensembles planifiées.
Bruno Benque avec EJNMMI