RSNA 2023 : L'IRM fonctionnelle dévoile les mécanismes cérébraux chez les supporters de football
MERCREDI 22 NOVEMBRE 2023
Dans la série d’articles qui seront présentés au RSNA 2023, voici une étude sur les comportements souvent irrationnels des fans de football. L’IRM foctionnelle montre, à travers ce travail, que ces personnes présentent différents modèles d'activation cérébrale lorsqu'ils regardent un match. Les chercheurs affirment que les implications de ces découvertes pourraient s’étendre au-delà du sport et s’étendre au fanatisme dans d’autres domaines, comme la politique.

Les rivalités sont profondément ancrées dans l’histoire du sport et les fans traversent toute la gamme des émotions en regardant leur équipe réussir ou échouer au cours d’un match, les applaudissant lorsqu’ils marquent ou se déchaînant face à une mauvaise décision.
L’IRM fonctionnelle pour comprendre les mécanismes cérébraux qui engendrent les comportements excessifs des supporters
Pour mieux comprendre les mécanismes cérébraux derrière les comportements des supporters, le Dr Francisco Zamorano Mendieta, chercheur au Département d'imagerie à la Clínica Alemana de Santiago du Chili, et ses collègues ont recruté 43 volontaires masculins en bonne santé qui soutiennent les équipes de football chiliennes pour une étude d'IRM fonctionnelle (IRMf).
« Cette étude vise à faire la lumière sur les comportements et les dynamiques associés à une rivalité extrême, à l'agression et à l'affiliation sociale au sein et entre des groupes de supporters », précise le Dr Zamorano Mendieta. Ce travail a porté sur des fans de football des deux équipes de football chiliennes les plus populaires, considérées comme leurs principales rivales. Les participants ont été divisés en deux groupes, 22 supporters d'une équipe et 21 supporters de l'équipe rivale. Les participants ont répondu à une enquête pour déterminer un score de fanatisme au football et ont subi des évaluations psychologiques.
Une défaite peut entraver le mécanisme qui régule le contrôle cognitif
Tous les participants ont reçu une compilation de matchs contenant 63 buts. Pendant que les participants visionnaient la compilation du match, leur activité cérébrale était mesurée à l’aide de l’IRMf. Les résultats ont montré que l’activité cérébrale changeait selon la réussite ou l’échec de l’équipe du supporter.
« Lorsque leur équipe gagne, le système de récompense dans le cerveau est activé, remarque le Dr Zamorano. Lorsqu’ils perdent, le réseau de mentalisation peut être activé, amenant le fan dans un état d’introspection. Cela peut atténuer une partie de la douleur de la perte. Nous avons également observé une inhibition du centre cérébral qui relie le système limbique aux cortex frontaux, entravant le mécanisme qui régule le contrôle cognitif et augmentant la probabilité de tomber dans un comportement perturbateur ou violent.
Une porte ouverte vers la compréhension des processus de décision et de la dynamique sociale
Selon le Dr Zamorano, les résultats pourraient éclairer la dynamique sociale dans tous les domaines. « Les gens ont intrinsèquement soif de liens sociaux, que ce soit par l'adhésion à un club de course à pied, la participation à un groupe de discussion sur un livre ou l'engagement dans des forums virtuels, poursuit-il. Même si ces liens sociaux se forment souvent autour de croyances, de valeurs et d’intérêts partagés, il peut également y avoir un élément de prosélytisme persuasif, ou de « pensée de groupe », qui peut donner lieu à des croyances irraisonnées et à des discordes sociétales. »
Le Dr Zamorano estime que le zèle constaté chez certains amateurs de sport peut servir d'exemple convaincant d'un investissement émotionnel intense, d'un comportement agressif occasionnel et d'une rationalité altérée. « Comprendre la psychologie de l'identification de groupe et de la compétition peut faire la lumière sur les processus de prise de décision et la dynamique sociale, conduisant à une compréhension plus complète du fonctionnement des sociétés », ajoute-t-il.
Des recherches qui s’appliquent difficilement aux positions politiques ou aux questions d’identité selon les chercheurs
Il a également noté que la recherche sur le fanatisme et la partisanerie nécessite des cadres scientifiques solides, mais que des domaines tels que les positions politiques, la loyauté électorale, l'ethnicité, la spiritualité et les questions d'identité sont souvent embourbés dans la controverse, compliquant les efforts visant à identifier les fondements neurologiques de l'allégeance extrême.
« Le fanatisme sportif, en revanche, présente une opportunité unique d'analyser comment une dévotion intense affecte l'activité neuronale dans un contexte moins controversé, notamment en mettant en évidence le rôle des émotions négatives, les mécanismes de contrôle inhibiteurs associés et les stratégies d'adaptation possibles », conclut le Dr Zamorano.
Bruno Benque avec RSNA