L'IRM pour différentier les ganglions rétropharyngés
MARDI 10 OCTOBRE 2023
Selon une étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), l'utilisation d'un seuil de 6 mm plutôt que de 5 mm contribue à faciliter une meilleure stratification des risques et des décisions de traitement chez les patients atteints d'un carcinome nasopharyngé (CNP). Les chercheurs ont utilisé l'IRM pour aboutir à ce résultat.

Le carcinome nasopharyngé (CNP) est responsable de quelques 80 008 décès dans le monde en 2020, la Chine rassemblant environ à elle seule 45 % des cas. Les ganglions lymphatiques rétropharyngés (GLR) jouent un rôle crucial dans la propagation de la maladie.
L’identification des ganglions lymphatiques rétropharyngés difficile à évaluer cliniquement
Le système de classification actuel de l'American Joint Committee of Cancer (AJCC) classe les GLR métastatiques mesurant jusqu'à 6 cm comme représentant la maladie N1, mais ne fournit pas de seuil de taille minimum pour déterminer s’ils sont métastatiques. Or, il est essentiel, pour la stratégie thérapeutique, d’établir des critères optimaux pour définir les métastases GLR. L’anapath serait la méthode idéale pour déterminer la présence ou l'absence de métastases ganglionnaires, mais les GLR sont rarement réséqués chirurgicalement.
L’IRM peut, dans ce cadre, être utile pour définir clairement la répartition et l’étendue de ces GLR, les critères de taille permettant de différencier les métastases GLR du ganglion lymphatique en fonction du diamètre axial minimal (MAD). Par exemple, certaines études suggèrent un seuil MAD optimal de 5 mm pour diagnostiquer les GLR métastatiques alors que d’autres proposent un seuil MAD optimal de 6 mm. De plus, l’inclusion dans des études antérieures de patients présentant des métastases des ganglions lymphatiques cervicaux parmi les patients atteints de la maladie N1 pourrait avoir introduit un biais statistique.
Une étude utilise l’IRM pour différentier les ganglions après une radiothérapie
C’est la raison pour laquelle une étude chinoise, pilotée par le Pr Zhiying Liang, du département de radiologie du Sun Yat-sen University Cancer Center de Guangzhou (Chine) et publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), se propose de déterminer le seuil de taille optimal pour identifier la présence de GLR métastatiques à l'IRM chez les patients atteints de CNP. « Les futures mises à jour de l’AJCC devraient envisager l'incorporation du seuil de 6 mm pour les déterminations de la catégorie N et du stade tumoral », remarque le Pr Zhiying Liang.
Ce travail a inclus 1 752 patients (âge médian : 46 ans ; 1 297 hommes, 455 femmes) atteints de CNP traités par radiothérapie par modulation d’intensité (IMRT) de janvier 2010 à mars 2014 dans deux hôpitaux, 438 ayant fait l’objet d’une IRM 3 à 4 mois après le traitement. Deux radiologues ont mesuré le diamètre axial minimal (MAD) du plus gros ganglion lymphatique rétropharyngé (GLR) pour chaque patient, avant et après la radiothérapie. Ensuite, pour évaluer l’accord inter-observateur, un troisième radiologue a mesuré le MAD chez 260 patients sélectionnés au hasard.
Un seuil de 6mm de diamètre axial minimal retenu pour évaluer les ganglions
Cette étude montre que, chez les patients atteints de CNP, la survie globale était significativement différente entre les patients atteints d'une maladie de stade I et de stade II définie à l'aide d'un seuil de 6 mm, mais pas en utilisant un seuil de 5 mm. Le taux de survie sans progression à 5 ans était associé à un MAD post-radiothérapie ≥ 6 mm mais pas à un MAD post-radiothérapie ≥ 5 mm.
« Étant donné l'absence d'un seuil de taille défini dans le manuel de stadification de la 8e édition de l'AJCC, nous proposons que les futures mises à jour du manuel intègrent ce seuil pour les déterminations de la catégorie N et du stade tumoral, » concluent les chercheurs.
Bruno Benque avec AJR