L'IRM plus sensible pour détecter un AVC suite à un étourdissement
JEUDI 27 JUILLET 2023
Selon une étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), les patients admis aux urgences pour un étourdissement passent souvent à côté d’un AVC s’ils sont explorés seulement par angioscanner. Un protocole d’IRM de diffusion peut augmenter cette sensibilité significativement.

Chez les patients se présentant aux urgences avec des étourdissements, la détection d'un AVC comme cause d'étourdissements est difficile, avec jusqu'à 40 % des AVC sous-jacents manqués lors de la première consultation.
Les lacunes de l’angioscanner pour l’identification d’un AVC après étourdissement
Dans ce contexte, l’angioscanner (angio-TDM) est l’examen le plus couramment utilisé pour exclure les AVC, notamment en raison de sa disponibilité généralisée et de ses délais d'exécution rapides. Mais il a une faible sensibilité pour les AVC (16-40%) par rapport à l’IRM, bien que celle-ci soit moins fréquemment réalisée. La littérature montre en effet la sensibilité de l'IRM pour les AVC, combinée l'évaluation clinique, comme norme de référence. Une limite est cependant décrite pour les AVC postérieurs avec une sensibilité d'environ 80 % de l’IRM classique. Des protocoles spécialisés d’IRM de diffusion multiplanaire en haute résolution, ou d’IRM abrégée avec une épaisseur de tranche ≤ 3 mm notamment, peuvent avoir aboutir à une sensibilité pour l'AVC postérieur allant jusqu'à 95 %.
Un protocole d’IRM qui augmente la sensibilité notamment pour la circulation postérieure
Une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR) a pour objectif de comparer les patients se présentant aux urgences avec des étourdissements et qui font l’objet d’un angioscanner seul par rapport à ceux à qui l’on propose une IRM, en termes de prise en charge et de résultats liés à l'AVC. Comparativement aux patients sujets à l’angioscanner seul, « l'utilisation de l'IRM chez certains patients se présentant aux urgences avec des étourdissements était associée à une plus grande fréquence de résultats critiques de neuroimagerie, une plus grande utilisation de l'échocardiographie et une plus grande fréquence d'un changement dans la prévention médicamenteuse secondaire des AVC », a conclu le premier auteur de l’étude, le Dr Long H. Tu, du département de radiologie et d'imagerie biomédicale de la Yale School of Medicine à New Haven (Connecticut, USA).
Une fréquence plus faible de réadmission aux urgences après un protocole d’IRM
Ce travail a inclus 1 917 patients (776 hommes et 1 141 femmes ; âge moyen : 59,5 ans) qui se sont présentés aux urgences avec des étourdissements du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2021. L'examen initial intégrait les caractéristiques démographiques, les antécédents médicaux, résultats d'examens, ainsi que les symptômes cliniques. Ils ont fait l’objet d’un angioscanner tête et cou seul pour les uns, et une IRM cérébrale avec ou sans angioscanner. Après avoir analysé ces résultats, une évaluation secondaire a comparé les patients des deux groupes à leur sortie des urgences afin de vérifier la sensibilité à l'AVC de la circulation postérieure.
Les résultats ont montré une plus grande fréquence de changement de médicament de prévention secondaire de l'AVC (9,6 % contre 3,2 %) et d'échocardiographie ultérieure (6,4 % contre 1,0 %) pour les patients ayant suivi le protocole d’IRM. Cette population était également associée à une fréquence plus faible de réadmissions aux urgences à 90 jours (12,0 % contre 28,0 %).
Bruno Benque avec AJR