Déterminer le PIRI par IRM afin d'identifier les AVC à progression lente
MARDI 21 FéVRIER 2023
Des chercheurs américains se proposent, dans une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), de déterminer si le pourcentage d'infarctus du ruban insulaire dans les AVC par occlusion des gros vaisseaux cérébraux est un critère de progression lente de ces occlusions. IL est en effet important d’identifier les patients qui pourraient bénéficier d'une thrombectomie endovasculaire tardive.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit l'Accident Vasculaire Cérébral (AVC) comme des signes cliniques à évolution rapide de perturbation focale de la fonction cérébrale qui durent plus de 24 heures ou entraînent la mort sans cause apparente autre que celle d'origine vasculaire.
Une progression lente de l’AVC par occlusion des gros vaisseaux cérébraux chez certains patients
Parmi les types d'AVC, l'occlusion des gros vaisseaux (OGV) représente la plus grande proportion de décès et d'invalidité liés à l'AVC. Bien que la thrombectomie endovasculaire ait révolutionné la prise en charge des patients ayant subi un AVC par OGV, plus de la moitié des patients traités par cette technique ont de mauvais résultats. De plus, des retards surviennent souvent dans le transfert des patients des hôpitaux locaux vers des centres d’Urgence Neuro-Vasculaire (UNV) compétents en thrombectomie, ce qui réduit la probabilité de guérison.
C’est la raison pour laquelle il est essentiel d’identifier les AVC par OGV à progression lente qui pourraient être résorbés par une thrombectomie tardive. Il est donc important de comprendre l'histoire naturelle de la croissance de l'infarctus, pour aider à identifier ces patients particuliers. Une connaissance approfondie du devenir des tissus peut ainsi s'avérer essentielle pour la sélection des patients pour de nouvelles thérapies telles que les traitements utilisant des neuroprotecteurs.
Le pourcentage d'infarctus du ruban insulaire comme critère d’identification de progression lente
L'intérêt est croissant pour l'utilisation du taux de croissance de l'infarctus (TCI) comme indicateur de résultats cliniques après thrombectomie. Plusieurs facteurs, dont le degré de circulation collatérale, déterminent le TCI d'un AVC par OGV, de même que le score d'infarctus du ruban insulaire (PIRI). Une équipe du Massachussets General Hospital de la Harvard Medical School de Boston (USA) se propose, dans une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), de compléter les critères de découverte des AVC à progression lente à partir du PIRI.
Les chercheurs notent que le PIRI est indépendamment associé au taux de croissance de l'infarctus ni au résultat à 90 jours. « Le PIRI peut aider à identifier les patients qui pourraient bénéficier d'un thrombectomie tardive lorsqu'ils nécessitent un transfert vers des centres d’UNV, écrit le chercheur principal de l’étude, le Pr Robert W. Regenhardt.
Des résultats encourageants pour l’évaluation du PIRI par IRM
En analysant un essai clinique antérieur de patients victimes d'AVC aigus non traités par des thérapies de reperfusion de janvier 2007 à juin 2009, les chercheurs ont réévalué 31 patients de l'essai (âge médian, 71 ans ; 12 femmes, 19 hommes) présentant une OGV de la circulation antérieure ayant fait l’objet d’examens IRM en série. Deux neuroradiologues ont indépendamment évalué le PIRI lors de l'IRM de présentation - léger (0-1), modéré (2), sévère (3-4) - sur la base des rapports de longueur de la partie de l'insula montrant une diffusion restreinte. Une échelle de Rankin modifiée de 90 jours (mRS) a également été obtenue.
Ils en ont déduit que selon les modèles multivariables, le PIRI était un critère significatif du taux de croissance de l'infarctus d’AVC par OGV indépendant de la présentation à 48 heures (β = 1,3) et du mRS à 90 jours ≤ 2. La sensibilité et la spécificité pour prédire un mRS ≤ 2 à 90 jours étaient de 90 % et 84 % pour le PIRI léger à modéré, contre 70 % et 74 % pour le schéma collatéral symétrique.
Bruno Benque avec AJR