L'IRM peut identifier les sous-types d'adénomes hépatocellulaires
MARDI 18 OCTOBRE 2022
Selon un article paru dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), les résultats de l'IRM avec injection de gadoxétate disodique, comprenant les caractéristiques de la phase hépatobiliaire, ont été associés à des sous-types d'adénomes hépatocellulaires (HCA) en utilisant la classification génotypique de 2017. Les chercheurs ont, à partir de ces données proposé un algorithme diagnostic qui semble pertinent.

Les adénomes hépatocellulaires (HCA) sont un groupe hétérogène de tumeurs hépatiques avec un pronostic variable dont certains sous-types peuvent subir une transformation maligne ou présenter une hémorragie pouvant engager le pronostic vital. Une classification datant de 2017 a répertorié les HCA en huit sous-types uniques basés sur l'analyse génétique et moléculaire, chacun ayant des implications cliniques et de gestion.
L’IRM de contraste pour identifier les sous-types d’adénomes hépatocellulaire
Pour identifier les sous-types de ces lésions hépatiques, l’IRM avec injection de gadoxétate disodique, qui permet de différencier les HCA des autres tumeurs hépatiques bénignes telles que l'hyperplasie nodulaire focale semble appropriée. Cependant, un nombre limité d'études existent sur ce thème, aucune en tout cas utilisant le système de classification de 2017. C’est la raison pour laquelle des chercheurs californiens ont réalisé une étude, publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), pour évaluer les caractéristiques des sous-types de HCA sur l'IRM avec injection de gadoxétate disodique sur la base du système de classification génotypique de 2017, ainsi que pour proposer un algorithme de diagnostic permettant de déterminer le sous-type de HCA à l'aide de ces caractéristiques.
« L'algorithme de diagnostic proposé a identifié les sous-types HCA courants avec une grande précision, notamment ceux présentant des mutations de l'exon 3 de la β-caténine, précise le premier auteur de l’étude, le Dr Justin R. Tse, de la Stanford University School of Medicine. Les HCA sans caractéristiques de HCA muté par le facteur nucléaire 1β des hépatocytes (H-HCA) ou les HCA inflammatoires (I-HCA) - mais avec une iso- ou une hyperintensité de phase hépatobiliaire - sont suspects pour la β-caténine exon 3 HCA (β-HCA) ou la forme mixte inflammatoire/β-caténine exon 3 HCA (βI-HCA), qui ont un risque accru de transformation maligne. »
Un algorithme diagnostic permettant d’identifier rapidement à partie de l’IRM les sous-types d’adénomes hépatocellulaires
L'étude rétrospective du Dr Tse et de son équipe a inclus 56 patients (49 femmes, 7 hommes ; âge moyen, 37 ans) avec HCA histologiquement confirmé et évalué par IRM avec injection de gadoxétate disodique de janvier 2010 à janvier 2021. En utilisant les critères de 2017, les sous-types ont été reclassés : H-HCA, I-HCA, β-HCA, βI-HCA, ainsi que sonic hedgehog HCA (SH-HCA), un sous-type nouvellement reconnu avec le risque le plus élevé de saignement symptomatique. Après avoir évalué les caractéristiques qualitatives de l'IRM, mesuré les rapports de prise de contraste foie-lésion et comparé les sous-types, les chercheurs ont généré un algorithme de diagnostic par étapes pour déterminer le sous-type HCA, sur la base des résultats de leur analyse actuelle et d'études antérieures pertinentes.
Au final, les H-HCA ont montré une stéatose intralésionnelle homogène/diffuse chez 94 % de la cohorte. Les I-HCA montraient un signe d'atoll dans 58 % des cas et un hypersignal modéré en T2 dans 58 % des cas. Pendant ce temps, les β-HCA et les βI-HCA sont apparus chez les hommes dans 63 % des cas, avaient une taille moyenne de 10,1 cm et présentaient des composants liquidiens dans 60 % des cas et une iso- ou hyperintensité de la phase hépatobiliaire dans 80 % des cas. Le sous-type SH-HCA manquait de caractéristiques distinctives.
Les chercheurs ont ainsi identifié les caractéristiques distinctives des sous-types de HCA sur l'IRM avec injection de gadoxétate disodique, les sous-types communs (I-HCA, H-HCA et b-HCA ou bI-HCA) pouvant être identifiés, y compris la stéatose intralésionnelle, le signe de l'atoll, l'hyperintensité modérée en T2 et l'iso ou l'hyperintensité de la phase hépatobiliaire. Les SH-HCA, un sous-type nouvellement décrit, étaient hypointenses à la phase hépatobiliaire mais ne présentaient pas de caractéristiques IRM distinctes. Uant à l’algorithme de diagnostic proposé pour déterminer le sous-type de HCA basé sur les résultats de l'IRM, il semble fonctionner mais une validation supplémentaire de l'algorithme est nécessaire.
Bruno Benque avec AJR