L'IRM mesure l'impact de l'exposition des fœtus aux opioïdes
MARDI 04 OCTOBRE 2022
Selon un article publié dans l’American Journal of Roentgenology (AJR), les fœtus du troisième trimestre exposés in utero aux opioïdes présenteraient de multiples mesures biométriques 2D différentes à celles des fœtus non exposés. Ce travail met en lumière des mesures plus petites du cerveau, ainsi qu’une physiologie fœtale altérée, au cours d’une exploration IRM.
Il n’est un secret pour personne que l’hygiène de vie des femmes enceintes conditionne, l’état de Santé du bébé à naître. Les conduites addictives sont notamment proscrites dans ce cadre. Une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR) a tenté de mesurer l’impact des opioïdes sur le développement du cerveau du fœtus dans le troisième trimestre de sa maturation.
Le cerveau de 28 fœtus exposés aux opioïdes explorés par IRM
Notant la rareté de la littérature scientifique sur ce thème évaluant l'exposition prénatale aux opioïdes sur le développement du cerveau, le premier auteur de cette étude, le Dr Usha D. Nagaraj, du Centre médical de l'hôpital pour enfants de Cincinnati – Ohio, USA – a écrit : « nos résultats démontrent l'impact de l'exposition prénatale aux opioïdes sur le développement du cerveau fœtal, qui peut à son tour affecter les résultats cliniques postnatals ».
L'étude cas-témoin multicentrique prospective du Dr Nagaraj et ses collègues a inclus 65 femmes (âge moyen, 29 ans) dans leur troisième trimestre de grossesse ayant fait l’objet d’une IRM fœtale du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2021 dans trois centres médicaux universitaires américains : Cincinnati Children's Hospital Medical Center, Arkansas Children's Hospital et l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Au total, 28 fœtus (âge gestationnel moyen, 32,3 semaines) ont été classés comme exposés aux opioïdes, tandis que 37 fœtus (âge gestationnel moyen, 31,9 semaines) n'ont pas été exposés in utero. Quatorze mesures biométriques 2D du cerveau fœtal ont été évaluées manuellement et utilisées pour aboutir à quatre signes distinctifs.
Des mesures biométriques inférieures chez les fœtus exposés
Lors de l'ajustement en fonction de l'âge gestationnel, du sexe fœtal et de l'exposition à la nicotine, 7 des 14 mesures biométriques 2D - diamètre fronto-occipital cérébral, diamètre bipariétal osseux, diamètre bipariétal cérébral, longueur du corps calleux, hauteur du vermis, mesure du pont antérieur-postérieur et mesure transversale diamètre cérébelleux - étaient significativement plus petits chez les fœtus exposés aux opioïdes que chez les fœtus non exposés, tels que mesurés par IRM fœtale.
Une propension plus fréquente à se présenter en siège
Ce travail a identifié des résultats supplémentaires liés à la grossesse sur l'IRM fœtale entre les deux groupes. Le mouvement fœtal, la longueur cervicale et la poche de liquide amniotique n'étaient pas significativement différents entre les fœtus exposés aux opioïdes et les fœtus non exposés. Toutefois, les fœtus exposés aux opioïdes ont montré des fréquences significativement plus élevées de position du siège (21 % contre 3 %) et d'augmentation du volume de liquide amniotique (29 % vs 8 %).
Les auteurs admettent quelques limites à leur étude, parmi lesquelles le faible échantillon de fœtus, la durée d'exposition in utero, le type spécifique d'opioïde auquel le fœtus a été exposé, l’exposition à d’autres substances hormis la nicotine, voire l’exploration IRM plus tôt dans la gestation pour mieux observer l’évolution du fœtus.
Bruno Benque avec AJR