COVID-19 : une étude française recueille les signes cérébraux fréquents à l'IRM
JEUDI 18 JUIN 2020
Une nouvelle étude multi-institutionnelle française publiée dans la revue Radiology identifie les tendances des résultats anormaux d’IRM cérébrale chez les patients atteints de COVID-19. Des anomalies temporales et des lésions hémorragiques sont souvent constatées.

Les données actuelles sur l'implication du système nerveux central (SNC) dans COVID-19 sont rares mais en croissance, démontrant une fréquence élevée de symptômes neurologiques. Cependant, la délimitation d'une large cohorte d'anomalies IRM cérébrales confirmées (à l'exclusion des infarctus ischémiques) liées au COVID-19 n'a jamais été réalisée, et les mécanismes physiopathologiques sous-jacents restent inconnus.
La SFNR initie une étude multicentrique pour recueillir les images IRM caractéristiques du COVID-19
Le but d’une étude française multicentrique publiée dans la Revue Radiology était de décrire les résultats de la neuro-imagerie autres que l'AVC chez les patients atteints de COVID-19 sévère et de rendre compte du profil clinique et biologique de ces patients. Cette étude rétrospective nationale d'observation multicentrique a été initiée par la Société française de neuroradiologie (SFNR) en collaboration avec des neurologues, des réanimateurs et des spécialistes des maladies infectieuses. Des patients consécutifs atteints d'une infection à COVID-19 et de manifestations neurologiques qui ont subi une IRM cérébrale du 23 mars au 27 avril 2020, dans 16 centres français, dont 11 hôpitaux universitaires et cinq hôpitaux généraux ont été inclus dans l'étude.
Trente hommes (81%) et 7 femmes (19%) satisfaisaient aux critères d'inclusion, avec un âge moyen de 61 ans. Les manifestations neurologiques les plus courantes étaient l'altération de la conscience (27/37, 73%), l'éveil pathologique à l'arrêt de la sédation (15/37, 41%), la confusion (12/37, 32%) et l'agitation (7/37, 19%).
Anomalies dans le lobe temporal et lésions hémorragiques
Parmi les 37 patients inclus, 28/37 (76%) étaient associés à un signe neuro-radiologique, 7/37 (19%) à deux signes et 2/37 (5%) présentaient trois signes. Les résultats d'IRM les plus fréquents étaient des anomalies du signal localisées dans le lobe temporal médial chez 16/37 (43%) patients, ainsi que des lésions hyperdenses multifocales non confluentes sur FLAIR et sur des séquences de diffusion, avec rehaussement variable et présence de lésions hémorragiques associées dans 11 / 37 patients (30%) ou microhémorragies étendues et isolées de la substance blanche chez 9/37 patients (24%).
Une majorité de patients (20/37, 54%) avaient des lésions hémorragiques intracérébrales associées à un tableau clinique plus sévère. « Trois principaux signes neuroradiologiques ont pu être distingués et la présence d'hémorragie a été associée à un pire état clinique. L'ARN du SRAS-CoV-2 a été détecté dans le liquide céphalorachidien chez un seul patient, et les mécanismes sous-jacents de l'implication cérébrale restent flous », ont écrit les auteurs. "L'imagerie et le suivi neurologique doivent être entrepris afin d'évaluer le pronostic de ces patients."
Bruno Benque avec RSNA