Gadolinium et grossesse: des risques significatifs d'exposition fœtale
VENDREDI 06 SEPTEMBRE 2019
Selon une étude publiée dans la revue Radiology, un nombre limité mais préoccupant de femmes sont exposées à un produit de contraste au gadolinium au début de leur grossesse. Les chercheurs suggèrent de mener des mesures efficaces de dépistage de la grossesse afin de réduire l'exposition par inadvertance à ces agents de contraste en début de grossesse.

Les produits de contraste à base de gadolinium (GBCA), c'est un fait avéré, peuvent être retenus dans le corps après l'IRM, bien que les implications de ceci ne soient pas encore comprises.
Une étude à grande échelle sur la prévalence infantile de l'exposition au gadolinium
Dans le cas d'une grossesse, le gadolinium peut traverser le placenta et pénétrer dans la circulation fœtale. L'innocuité des GBCA chez les femmes enceintes n'a pas été établie et leur utilisation pendant la grossesse n'est pas recommandée, à moins que cela ne soit essentiel pour la santé de la femme ou du fœtus. Toutefois, les données disponibles provenant d'études de cohortes et de rapports de cas ont révélé des résultats incohérents concernant l'association entre le gadolinium et les effets indésirables sur le fœtus.
Pour obtenir une idée plus précise de la prévalence de l'exposition aux GBCA chez les femmes enceintes, l'auteur principal d'une étude publiée dans la Revue Radiology, le Dr Steven Bird, de la division d'épidémiologie de la US Food and Drug Administration (FDA), et ses collègues ont analysé les données sur les grossesses ayant donné lieu à des naissances vivantes entre 2006 et 2017 aux USA. Les données ont été recueillies auprès de 16 partenaires du système Sentinel de la FDA, un programme qui permet la surveillance active des données de soins de santé provenant de sources multiples afin de surveiller la sécurité des produits médicaux réglementés.
Des expositions liées en majorité aux IRM cérébrales
Les données ont révélé des expositions aux GBCA dans 5 457 des 4 692 744 naissances vivantes (1/860 grossesses). La plupart des expositions provenaient d'examens d'IRM cérébrales, bien que le nombre d'IRM abdominales et pelviennes soit également significatif. Près des trois quarts des expositions ont eu lieu au cours du premier trimestre. "Une exposition fœtale involontaire au gadolinium peut survenir en début de grossesse chez les femmes qui ne se sont pas encore rendu compte de leur grossesse, remarque le Dr Bird. Une attention accrue portée aux mesures de dépistage de la grossesse pourrait aider à réduire les expositions accidentelles au contraste de gadolinium."
La FDA a conseillé à tous les centres d’IRM de fournir un guide de médication aux patients ambulatoires lors de leur première administration de contraste au gadolinium, précisant que les femmes enceintes et les jeunes enfants pourraient être exposés à un risque plus élevé si le gadolinium restait dans le corps. Cette procédure est d'ailleurs en cours depuis quelques années en France et fait partie des recommandations diffusées par la Société Française de Radiologie (SFR).
Des moyens supplémentaires pour sensibiliser les futures mamans
Les chercheurs ont suggéré plusieurs moyens supplémentaires par lesquels les centres d'imagerie radiologique pourraient éviter l'administration accidentelle de GBCA aux femmes enceintes. Parmi ces outils, on trouve un formulaire de dépistage de sécurité posant des questions sur le potentiel de grossesse, un interrogatoire direct effectué par les manipulateurs, des panneaux bien en évidence invitant les femmes à informer le personnel de radiologie s’elles sont enceintes et des tests de grossesse, le cas échéant.
La FDA continue de surveiller les rapports d'événements indésirables associés à une exposition in utero au gadolinium. Bien que cette étude ne soit pas conçue pour évaluer les effets sur la santé de cette exposition précoce chez les femmes et / ou les nourrissons, la FDA collabore à une étude visant à évaluer le risque potentiel de mortalité infantile et d’autres effets néonatals consécutifs à une exposition in utero au gadolinium dans un groupe de femmes enceintes bénéficiaires de Medicaid.
Bruno Benque avec RSNA