Étude par IRM de l'impact des jeux vidéo sur la SEP
MERCREDI 23 MARS 2016
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue « Radiology », les jeux vidéo d’entrainement cérébral participent de l’amélioration de certaines capacités cognitives des personnes atteintes de sclérose en plaques (SEP).

La SEP est une maladie du système nerveux central qui entraîne des dommages sur l'enveloppe protectrice des fibres nerveuses. Une nouvelle étude parue dans le revue Radiology a étudié l'impact d'un entrainement par jeux vidéo sur une possible amélioration.
Le thalamus au centre du dysfonctionnement cognitif
Les symptômes incluent l’affaiblissement physique, la raideur musculaire, des troubles de la mémoire et un flou visuel, phénomène souvent appelé "brouillard du cerveau", touchant environ 2.5 millions de personnes dans le monde. Les dommages du thalamus jouent un rôle important dans le dysfonctionnement cognitif de nombreux patients atteints de SEP. Les chercheurs dirigés par le Dr Laura De Giglio du département de neurologie et de psychiatrie à l'Université Sapienza de Rome, ont récemment étudié les effets sur le thalamus d'un programme de remédiation cognitive basé sur le jeu vidéo. Ils ont utilisé une collection de jeux de "Brain Training" de Nintendo Corporation, créés par le neuroscientifique japonais, le Dr Ryuta Kawashima. Ce programme d’entrainement cérébral est composé de puzzles, de mémos et d'autres défis mentaux.
Un programme de remédiation cognitive basé sur le jeu vidéo
Pendant huit semaines, douze patients atteints de SEP ont participé à un programme de remédiation cognitive à domicile, grâce à des sessions de jeu de trente minutes, cinq jours par semaine. Les patients ont été évalués sur des tests cognitifs et sur des IRM fonctionnelle (IRMf) 3T au repos, avant et après la période d’entrainement de huit semaines. "L'IRMf permet d'étudier les zones du cerveau actives simultanément. Elle donne des informations sur la participation de certaines zones avec des circuits spécifiques du cerveau", remarque le Dr De Giglio. A l’issue de la période d’entrainement, les patients ont enregistré des hausses significatives de la connectivité fonctionnelle thalamique, dans les zones du cerveau correspondant à la composante postérieure du réseau neuronal.
Des résultats très encourageants
C’est l'un des réseaux cérébraux les plus importants impliqués dans la cognition. Les résultats fournissent un exemple remarquable de plasticité et montrent que le cerveau est capable de former de nouvelles connexions tout au long de sa vie. "Cette connectivité accrue prouve que l'expérience du jeu vidéo a changé le mode de fonctionnement de certaines structures cérébrales, poursuit-elle. Lorsque nous parlons de connectivité accrue, nous voulons dire que les circuits ont été modifiés, en augmentant l'extension des zones qui fonctionnent en même temps. Cela signifie que même un outil d'usage aussi répandu et commun que les jeux vidéo, peut favoriser la plasticité du cerveau et aider à la remédiation cognitive pour les personnes atteintes de maladies neurologiques telles que la SEP".
Évaluer l'impact des jeux vidéo dans des programmes de remédiation cognitive
Les modifications dans la connectivité après l’entrainement sont prometteuses pour améliorer les tests évaluant les troubles de l’attention, les fonctions exécutives du cerveau et les compétences cognitives de niveau supérieur qui aident à réguler notre comportement. À l'avenir, les chercheurs voudraient étudier si la plasticité induite par les jeux vidéo, chez les patients atteints de SEP, est également liée à d’autres améliorations qui relèvent d'autres aspects de la vie quotidienne. Ils prévoient également d’intégrer le jeu vidéo dans des programmes de remédiation cognitive.
Pauline Mayol