Le suivi dosimétrique des populations thème central d'un symposium aux JFR 2014
LUNDI 27 OCTOBRE 2014
Le symposium Bayer proposé lors des JFR 2014, et intitulé "De la Réglementation de la radioprotection à sa mise en pratique", a permis aux quelques 250 congressistes présents dans la salle de mieux se familiariser avec les nouvelles pratiques de suivi dosimétrique pour les patients. Deux interventions de haute volée ont montré les possibilités de RadimetricsTM dans ce contexte, entrecoupées d'une présentation de la législation en vigueur et de recommandations méthodologiques pour une mise en pratique cohérente.

La multiplication des examens, notamment de scanographie et d’imagerie interventionnelle, a conduit le législateur à mettre l’accent sur le suivi des doses reçues par la population, en s’attachant en particulier au cumul sur les patients les plus souvent exposés. Cala contraint les radiophysiciens à mettre en place toutes sortes d'audits et les opérateurs à adapter leurs pratiques, notamment leurs protocoles d’acquisition d’images.
C’est dans ce contexte que j'ai été invité par la société Bayer à assurer la modération d'un symposium consacré à ce thème lors des JFR 2014. Intitulé 'De la réglementation de la radioprotection à sa mise en pratique", ce symposium a traité essentiellement de radioprotection patient, plus précisément de dosimétrie patient, à travers trois présentations qui ont fait le point sur la réglementation en vigueur et les actions mises en place sur le terrain pour maîtriser l’irradiation en milieu médical.
Technologies moins irradiantes et systèmes d'alerte
La première de partie du symposium a vu intervenir le Pr Xavier Montet, du département de radiologie et d’informatique médicale des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), une structure qui a mis en place un système de suivi dosimétrique pour tous ses patients, s'appuyant sur la plateforme RadimetricsTM. Cette solution est capable de centraliser les données dosimétriques émanant des modalités de radiologie et répondant aux standards DICOM, ainsi que de calculer les doses efficaces reçues par les malades, corps entier ou par organe. Le Pr Montet a montré toute l'étendue des possibilités de cet outil, sur la base des examens scanographiques pratiqués aux UHG. Il a notamment décrit l'apport des reconstructions itératives ainsi que les nouvelles technologies de capteurs stellaires embarqués dans les scanners modernes. Il est revenu, d'autre part, sur les systèmes d'alerte que RadimetricsTM rend possibles, lorsqu'une dosimétrie dépasse largement la moyenne pour un protocole donné. Cela arrive le plus souvent lorsque ce dernier n'a pas été suivi à la lettre, l'état clinique du patient nécessitant de réaliser une ou plusieurs spirales de plus.
Impliquer l'ensemble des acteurs pour adapter les pratiques
Hanane Miloudi, physicienne médicale travaillant au sein de la société C2i Santé, a ensuite pris la parole pour un état des lieux de la littérature réglementaire. On a pu ainsi vérifier que l'essentiel des dispositions législatives nationales ont pour origine les différentes lois Euratom. Hanane Miloudi a ensuite exprimé quelques recommandations quant aux méthodologies à suivre pour réaliser de bons suivis dosimétriques. Elle a notamment repris les conclusions de l'étude présentée par D.Tack lors des JFR 2013 qui évoquait des échantillons d'au moins 300 patients de même poids pour que les évaluations dosimétriques soient cohérentes. Elle a d'ailleurs mis l'accent sur l'importance du travail d'équipe, impliquant le physicien, donc, mais aussi le PCR, les praticiens et les manipulateurs, afin que des objectifs soient définis collégialement, que les données dosimétriques récoltées soient analysées et que les opérateurs modifient leurs pratiques et leurs protocoles d'acquisition en conséquence. L'ensemble de ces dispositions, associées à des solutions telles RadimetricsTM, sont sources d'amélioration significative de la qualité de la prise en charge radiologique.
NIMIS, le réseau de centralisation du suivi dosimétrique irlandais
Enfin, le Pr Sean Cournane, chef du département de Physique médicale du St-James’s hospital de Dublin, a pris le relais pour une présentation du réseau national irlandais NIMIS (National Integrated Medical Imaging System), qui, comme son nom l'indique, centralise et mutualise les images médicales produites sur tout le territoire. Grâce à ce processus, ce sont également l'ensemble des données dosimétriques présentes dans les champs DICOM qui sont récoltées, via RadimetricsTM. Le Pr Cournane se félicite que 33 hôpitaux publics d'Irlande, ce qui correspond à 20 000 utilisateurs, aient adhéré à ce processus, ce qui, selon lui, est favorisé par la faible superficie de ce territoire. NIMIS donne ainsi une vision des dosimétries auxquelles les populations sont soumises, au niveau national, local, mais aussi par établissement, par machine, et même pour un protocole donné. Il a annoncé également que le champ d'étude allait encore grandir, puisque la totalité des établissements de santé publics, ainsi que quelques structures privées candidates rejoindraient prochainement NIMIS.
Au final, l'assistance s'est montrée studieuse et attentive devant les possibilités prometteuses de ce type de suivi. Le fait que RadimetricsTM puisse recevoir automatiquement les informations relatives à l'irradiation des patients a été très apprécié. Reste que, comme l'a souligné le Pr Montet, les résultats collectés doivent faire l'objet d'actions de communication au sein des établissements, afin que les opérateurs soient plus impliqués dans le processus ALARA et que le processus engendre une qualité de prise en charge radiologique des patients sensiblement améliorée.
Bruno Benque