L'accès à l'IRM reste encore très difficile en France
LUNDI 07 JUILLET 2014
Alors que les applications de l'IRM se multiplient sous l'effet notamment des progrès technologiques et de la recherche, le nombre d'appareils n'est toujours pas suffisant pour répondre à la demande, notamment celle fixée par le dernier plan cancer. Pire même, le nouveau rapport de Cemka-Eval, commandé par Imagerie Santé Avenir, montre que les délais de rendez-vous sont repartis à la hausse en 2014, après une période de baisse régulière.

Alors que la CNAMTS propose, pour "Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses", de prendre pour cible, notamment, les examens d'IRM, l'organisme d'études Cemka-Eval vient de publier un rapport alarmant sur l'état du parc de machines en France.
Des inégalités régionales de plus en plus criantes
On apprend dans ce document que Onze régions comptent plus de 10 appareils par million d’habitants, alors qu'elles n’étaient que 7 en 2013 et 4 en 2012. Nord-pas-de-Calais arrive en première position avec 14.3 IRm par million d'habitants, alors qu'à l'autre bout de l'échelle, ce taux est inférieur à 8 pour Bourgogne, Basse-Normandie, Pays de loire et Corse. Ces chiffres seraient prometteurs s'ils ne tenaient pas compte d'une diminution de ce taux, dans certaines régions, au nombre de 5, où aucune nouvelle installation n'a été enregistrée alors que le nombre d'habitants a sensiblement augmenté.
Le taux d'équipement n'est pas toujours synonyme d'accès aux rendez-vous
Cemka-Eval a, comme l'année dernière, voulu aller plus loin en prenant pour sujet d'étude les taux de réponse ou d'attente pour obtenir un rendez-vous. En 2014, au moins 1 RDV a été obtenu dans toutes les régions sauf en Corse. Le taux d’obtention est maximal en Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et PACA (supérieur ou égal à 70%). Mais ce taux n'est pas tout à fait proportionnel à celui du nombre de modalités. Par exemple, une des régions assez faiblement équipée, la région Midi-Pyrénées, avec 9,8 IRM par million d’habitants, se caractérise par un taux d’obtention des rendez-vous relativement élevé (71,4%), évoquant une organisation territoriale efficace, alors qu’en Alsace, avec un taux d’équipement plus élevé (10,7/million d’habitants) le taux d’obtention des rendez-vous direct est très faible 21,4%.
Les délais de rendez-vous repartent à la hausse !
La corrélation est toutefois plus cohérente entre le nombre d'appareils et les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous. Mais ceux-ci ont malheureusement augmenté en 2014, le délai moyen cette année étant de 37,7 jours, soit une augmentation significative par rapport à l’année 2013 (30,5 jours). La lente amélioration qui avait été observée ces dernières années n'a pas été confirmée et le délai observé en 2014 arrive à un niveau jamais atteint ces 10 dernières années. Il représente même près de deux fois l’objectif du Plan Cancer 2014-2019, qui est de 20 jours maximum, et 2.5 fois le Plan Cancer précédent 2003-2007 (15 jours).
Parmi les mauvais élèves, Poitou-Charentes a vu le délai moyen passer de 28,6 jours en 2013 à 50,6 jours en 2014 !
Cemka-Eval essaie d'avancer des raisons de fond ou conjoncturelles à cette évolution, la plupart des sociétés savantes ou des organismes de tutelles essayant de promouvoir le développement de cette modalité afin, notamment, de diminuer les examens irradiants. Il semble que l’année 2014 témoigne d’une prise de conscience nouvelle de cette problématique avec un effort notable dans le nombre des autorisations d’installations à venir. Il sera donc particulièrement intéressant de suivre à nouveau l’évolution de l’indicateur mesuré en 2015, conclut le rapport, afin de voir si les objectifs gouvernementaux ont été enfin atteints et si les inégalités régionales dans ce domaine ont été réduites.
Bruno Benque