Laurence Comte-Arassus s'inscrit dans la continuité à la Présidence du SNITEM
LUNDI 10 JUILLET 2023
Le SNITEM vient d’élire à sa Présidence la Manager leader de pusieurs unités commerciales chez GE Healthcare Laurence Comte-Arassus. Nous avons rencontré cette passionnée du dispositif médical qui évoque pour nous les enjeux de la gouvernance du SNITEM aujourd’hui, les évolutions du marché de l’imagerie médicale, mais également la création de valeur et les problématiques éthiques inhérentes à ce secteur.

Thema Radiologie : Vous avez été élue, le 27 juin 2023, Présidente du Syndicat National des Industries et des Technologies médicales (SNITEM), à l’occasion de son assemblée générale. Quel a été votre parcours jusque-là ?
Laurence Comte-Arassus : J’ai quasiment toujours évolué dans le dispositif médical, tout d’abord chez Boston Scientific durant dix ans, avec un poste de manager à la clé, à 26 ans et enceinte, et j’ai continué chez Medtronic France, où j’ai été manager leader d’une unité commerciale, puis Présidente de Medtronic France, avec la mise en place d’un des premiers partenariats estampillés article 51. J’ai rejoint enfin GE Healthcare pour en devenir responsable d’une large zone France, Belgique, Luxembourg et Afrique francophone.
T.R. : Vous avez donc quitté le monde de l’implantable pour entrer dans celui de l’équipement. Existe-t-il une différence significative entre les deux domaines ?
« Être en interface avec les équipes, les challenges, les clients et les patients »
L. C-A. : J’intègre en effet le secteur de l’équipement après l’implantable mais le dispositif médical (DM) est un large domaine qui va du pansement à l’IRM. Aujourd’hui, je m’occupe de celui de l’IRM mais cela justifie en fait mon parcours et ma philosophie qui a été de toujours m’intéresser à tous les DM. Plus jeune, je voulais être chirurgien en Afrique. Mon poste actuel me rapproche de cette ambition mais je m’aperçois que je suis mieux dans cette position qui me permet d’être en interface avec les équipes, les challenges, les clients et les patients.
T.R. : Vous connaissez bien le SNITM pour y avoir évolué ces dernières années. Quels sont vos objectifs pour ce syndicat en tant que présidente ?
L. C-A. : J’ai en effet longtemps été très présente au SNITEM, d’abord en charge du sectoriel du Pace maker, puis je suis entrée au bureau en tant que vice-Présidente, période où j’ai fait beaucoup d’acting sur le terrain et où j’ai été très proche de Philippe Chêne, mon prédécesseur à la Présidence. À la tête du SNITEM, nous devons être plusieurs afin de pouvoir répondre à toutes les sollicitations, car on ne peut pas être partout à la fois et que nous avons, en parallèle, une activité professionnelle à assurer.
Je m’inscris donc aujourd’hui dans la continuité de mes prédécesseurs car nous sommes dans le temps long. L’équipe du SNITEM est solide et nous travaillons en coopération. Un des challenges que nous poursuivons est de faire passer le message auprès des tutelles que le DM est différent du médicament. On ne peut pas être traité de la même façon. La plupart de nos interlocuteurs connaissent très bien le médicament mais très peu le secteur du DM, qui est plus complexe avec quelques 600 industriels, dont 90% de très petites structures avec des organisations différentes.
« Les tutelles connaissent peu le domaine du dispositif médical »
T.R. : Quels sont justement les enjeux du secteur du DM aujourd’hui ?
L. C-A. : Ce sont des enjeux de représentation, de défense des intérêts des sociétés du DM avec des groupes sectoriels en compétition mais qui sont soumis aux mêmes contraintes, avec des aspects réglementaires pour la mise sur le marché notamment, une partie innovation et recherche délicate car nécessitant des études cliniques très difficiles à mettre en œuvre avec des cohortes souvent limitées. Sans oublier l’accès au marché, qui est extrêmement complexe notamment dans les DM de rupture, les aspects éthiques, avec un accompagnement des industriels pour s’assurer que les distributeurs respectent les règles et diffusent une bonne communication auprès des patients. C’est enfin aller vers un process pour travailler sur la valeur, dans les parcours de soins, le domicile ou l’ambulatoire, plutôt que seulement sur l’économique, et promouvoir la garantie humaine en Intelligence artificielle (IA), sans se couper du reste du monde, en agissant au niveau européen.
« Le SNITEM peut émettre des recommandations pour promouvoir les bonnes pratiques en imagerie »
T.R. : Le secteur de l’imagerie connaît, en France, une évolution réglementaire qui réduit les contraintes en termes d’installation des modalités d’imagerie en coupe. Quelle est la position du SNITEM pour accompagner les industriels, mais aussi les professionnels dans cette période ?
L. C-A. : En imagerie, nous avons à faire en effet à un nouveau plan résultant de la libéralisation des autorisations, mais on ne focalise pas que sur l’équipement lui-même. Nous insistons sur la formation des utilisateurs avec des enjeux humains de taille, afin de libérer du temps médical, ainsi que sur le rôle de l’IA. Les problématiques de pénurie de MERM font naître des pratiques peu éthiques. Cela ne doit pas être le prétexte pour faire n’importe quoi. Le SNITEM a son rôle à jouer dans cette situation et peut tout à fait donner des recommandations en termes de bonnes pratiques. D’autre part, nous avons un travail de proximité à faire avec le LEEM sur le produit de contraste notamment. Nous sommes différents mais nous devons travailler ensemble.
Concernant GE Healthcare, je voudrais rappeler, pour finir, qu’il s’agit du leader en nombre d’employés en France, avec trois modalités fabriquées à Buc, ce qui fait de nous une locomotive de la HealthTech en France. D’autre part, nous travaillons en partenariat avec d’autres acteurs de l’écosystème et avons, depuis la scission opérée le 4 janvier 2023 chez GE, la mission de créer un monde où la Santé n’a pas de limite, et c’est ce que nous favorisons aussi au sein du SNITEM. Je suis donc très contente de porter cette double casquette.
Propos recueillis par Bruno Benque