L'accès aux urgences radiologiques, un problème de santé publique
LUNDI 16 DéCEMBRE 2013
Quand on évoque les défauts de continuité des soins en imagerie médicale, on a coutume de mettre en avant la désertification dans les régions sous-dotées en équipements. Mais l'accès aux urgences radiologiques est ausi un problème récurrent, même dans les grandes agglomérations. Le Pr Jean-Michel Bartoli, Chef du Pôle d'imagerie de l'AP-HM, a rappelé ce dysfonctionnement lors de la conférence de presse des JFR d'octobre 2013 et a proposé quelques points d'amélioration à prendre en compte par les organismes de tutelle.

Des protocoles de coopération avec la SFMU à réactualiser en permanence
Actuellement, deux tiers des patients admis aux urgences doivent bénéficier d'un examen d'imagerie, et la demande ne fera que croître avec l'augmentation du nombre de passages aux urgences et l'élargissement du champ d'activité de l'imagerie diagnostique et interventionnelle. Le Pr Bartoli a souligné que les SROS-PRS (Schémas Régionaux d'Organisation des Soins - Projets Régionaux de Santé) 2012-2017 prennent en compte ce phénomène, puisqu'ils comportent un volet imagerie et permanence des soins en établissements de santé. Il a rappelé d'autre part que des protocoles ont été élaborés entre la SFR et la Société Française de Médecine d'Urgence, ajoutant qu'ils doivent évoluer en permanence, en même temps que les progrès thérapeutiques et ceux de I'imagerie.
Former des radiologues aux compétences accrues et en nombre suffisant
Parmi les thèmes sur lesquels il est urgent de progresser, on trouve bien sûr l'augmentation de la dotation en matériels lourds, avec notamment l'objectif de 20 IMR par million d'habitants, ainsi que la possibilité de disposer de radiologues bien formés et en nombre suffisant. " Alors que nous avons besoin d'étoffer les équipes et que l'évolution démographique laisse entrevoir une baisse à 5.000 radiologues à l'horizon 2017, le nombre de postes d'internes en formation ne sera que de 1.100 sur une période de 5 ans, souligne le Pr Bartoli. Afin de pouvoir disposer, dans toutes les régions, de radiologues compétents en radiologie interventionnelle comme en échographie pédiatrique et pelvienne notamment, l'estimation des besoins s'élève à 1 300 internes à former sur cette période."
Des priorités de Santé Publique à prendre en compte par les tutelles
Pour étayer son propos, le Pr Bartoli a donné des exemples chiffrés de l'évolution de la demande à l'hôpital de la Timone à Marseille. Sur les quelques 400 000 demandes d'examens d'imageries de 2012, 23% étaient des examens urgents, parmi lesquels 16 000 scanners et 700 IRM. Les urgences neuro-cardio-vasculaires ont, elles, augmenté de 16% en un an. En conclusion de son allocution, il a énuméré les priorités de Santé Publique pour lesquelles les tutelles doivent désormais concentrer leur action, parmi lesquelles l'accessibilité à l'imagerie en coupe, la généralisation du Dossier Patient en Imagerie (DPI), la démographie radiologique ou l'adaptation de la T2A aux missions de la radiologie urgentiste.
Bruno Benque