Échographie : l’innovation pour tous
SAMEDI 25 MAI 2013
Le champ d’action de l’échographie moderne ne cesse de s’étendre et les applications de cette technologie se diversifient. L’innovation profite à toutes les spécialités, par un diagnostic toujours plus précis et des techniques chirurgicales écho guidées. Mais des pratiques non médicales apparaissent aussi, et ce n’est pas sans danger.
L’ensemble des spécialités d’imagerie médicale connaît une diversification de son champ d’action. L’échographie ne déroge pas à la règle et les nouvelles applications utilisant cette technologie sont toujours plus nombreuses.
L’avènement de la télé-échographie
Parmi celles-ci, la principale innovation, dans la mouvance de la téléimagerie, est la télé-échographie robotisée. Elle consiste en la manipulation par un médecin spécialiste, à distance, d’une sonde mue par un bras articulé placé au contact du patient. Cette technique, déjà productive notamment dans les cas d’urgence ou dans certains EHPAD, va donc au-delà du télédiagnostic puisque l’examen n’est pas uniquement interprété, mais aussi réalisé par le médecin.
Dans le même ordre d’idée, se développe aussi la pratique des échographies par du personnel paramédical, formé à cet effet, pour des examens de routine très formalisés. Cette évolution fait l’objet, depuis quelques années, d’une expérimentation dans le cadre de la coopération des métiers de la santé et des transferts de compétences. Elle aboutira certainement à la création d’un nouveau métier sanctionné par un diplôme LMD.
Repousser les limites du diagnostic
Les progrès technologiques permettent également de repousser les limites de l’échographie, notamment par l’utilisation d’ondes à haute fréquence (50 Mhz). Celles-ci sont employées pour l’étude de la cornée ou des glaucomes en ophtalmologie, voire en obstétrique pour les premiers mois de grossesse. Mais l’application la plus prometteuse, médicalement parlant, est l’élastographie, qui, à l’aide des ondes HF, est capable d’évaluer la nature de lésions tumorales hépatiques ou mammaires. Le nombre de procédures invasives, telle la biopsie, tend ainsi à diminuer pour ce type d’étude. On utilise aussi, en cancérologie principalement, du produit de contraste, qui, injecté en intraveineux, permet de mettre en évidence certains tissus pathologiques.
La réduction de la taille des sondes d’échographie élargit encore les applications de cette technologie. Ainsi voit-on pratiquer des examens intra-viscéraux, par le biais d’endoscopes spécialisés, ou intra-vasculaires, afin d’évaluer la taille et la nature des sténoses artérielles, par exemple. On est capable, aujourd’hui, d’étudier les artères coronaires qui ont entre 2 et 5 mm de diamètre à l’aide de cette technique.
Les dangers des échographies commerciales
Les solutions logicielles embarquées sur les échographes gagnent aussi en puissance, donnant la possibilité, depuis quelques années, d’obtenir des images en 3D, et maintenant en 4D (dynamique). Les futures mamans, qui peuvent observer la frimousse de leur bébé lors de leur visite de fin de grossesse, en sont friandes. Si bien qu’apparait aujourd’hui un effet pervers avec le développement de pratiques commerciales de l’échographie. Les parents souhaitant s’attarder plus longtemps sur les images de leur future progéniture se voient ainsi proposer des échographies non médicales. Ce genre de séance dure plus longtemps que lors d’une consultation et les ultrasons y sont plus puissants, afin d’obtenir une meilleure résolution spatiale. Les sociétés savantes en gynécologie tentent de communiquer sur le fait que ces pratiques présentent un risque pour la santé du fœtus, mais il semble que la mode soit lancée et que le processus soit difficile à stopper.
Les progrès de la médecine et les dispositifs mis à sa disposition permettent, depuis toujours, de repousser les limites du diagnostic pour le bien du patient. Nous devons prendre garde qu’ils ne deviennent pas, de temps à autre, la cause de nouveaux maux.
Paco Carmine