L'élastographie mieux que l'IRM pour le suivi du traitement de la tendinoplastie rotulienne
JEUDI 05 DéCEMBRE 2024
Les différentes solutions diagnostiques pour identifier et suivre la tendinopathie rotulienne sont généralement l’élastographie et l’IRM T2*. Une étude publiée dans la Revue Radiology Advancescompare les deux technologies pour le suivi du traitement par injection de plasma riche en plaquettes. Une augmentation de la vitesse de cisaillement semble corrélée à l’atténuation de la douleur dans ce cadre.

La tendinopathie rotulienne (PT), qui se caractérise par une douleur au tendon rotulien proximal et une fonction réduite du genou, est classiquement décrite comme une dégénérescence induite par une surutilisation et des modifications inflammatoires du tendon rotulien.
Les différentes solutions diagnostiques pour identifier et suivre la tendinopathie rotulienne
Des changements structurels nécessitent un traitement conservateur sans garantie de succès, ce qui conduit à la mise en œuvre d’interventions mini-invasives, parmi lesquelles l’injection de plasma riche en plaquettes (PRP) et la ténotomie à l’aiguille (NT). L'imagerie est importante pour diagnostiquer le PT, mais l'évaluation de la réponse au traitement reste difficile. Des techniques quantitatives comme l'élastographie par ondes de cisaillement (SWE) ou l'IRM T2* à temps d'écho ultracourt (UTE), ont montré leur potentiel pour évaluer objectivement la tendinopathie.
Les vitesses des ondes de cisaillement (SWS) sont plus faibles dans les tendons désorganisés que dans les tendons fibrillaires compacts normaux, ce qui fait de cette technologie un marqueur plus objectif et plus sensible de la cicatrisation des tissus que l'échographie conventionnelle. L’IRM visualise quant à elle les tissus en capturant le signal à décomposition rapide indétectable avec l'imagerie T2 conventionnelle. Alors que les diminutions du temps de relaxation T2* d'un seul composant (T2*single) ont été corrélées à une amélioration des résultats cliniques de la PT après le traitement, il s’agit d’un paramètre non spécifique, faisant la moyenne des caractéristiques de relaxation des composants aqueux du tissu.
Un essai compare l’élastographie et l’IRM pour le suivi post injection de plasma riche en plaquettes
La cartographie à deux composants UTE-T2* peut fournir des informations plus spécifiques sur les composants macromoléculaires liés à l'eau et à l'eau libre dans la cicatrisation des tendons. Un essai contrôlé randomisé (ECR) en simple aveugle, qui a fait l’objet d’un article dans la Revue Radiology Advances, a étudié l'efficacité relative de 3 interventions parallèles, à savoir la PT, la PRP et la NT ainsi que d’une injection fictive (SH). Il a été mené d'avril 2017 à juillet 2022 avec ces3 interventions parallèles chez des athlètes présentant une tendinopathie rotulienne symptomatique.
Ce travail mettait en jeu également l’échelle visuelle analogique pour la douleur, une évaluation de la fonction rotulienne du Victoria Institute of Sport spécifique à la tendinopathie rotulienne, l’échographie conventionnelle, la SWS, le temps de relaxation UTE T2* (T2*simple) et la fraction T2* de la liaison macromoléculaire à relaxation rapide à 52 semaines. Des analyses longitudinales ont été utilisées pour comparer les différences intra- et inter-groupes au fil du temps.
Une augmentation de la vitesse de cisaillement corrélée à l’atténuation de la douleur
Au total, 29 sujets (âge moyen : 26,1 ± 5,3 ans ; 82,8 % d'hommes) ont été randomisés. À 52 semaines, tous les groupes ont démontré une amélioration significative de la douleur, plus prononcée au sein du groupe PRP. La vitesse des ondes de cisaillement a augmenté de manière significative uniquement dans le groupe PRP, une modification modérément corrélée à la modification de la douleur dans tous les groupes. D’autre part, la fraction T2* de l'eau liée aux macromolécules à relaxation rapide a augmenté de manière significative dans tous les groupes et une diminution significative du T2*single n'a été observée que dans le groupe PRP.
Les chercheurs en ont conclu que l'amélioration clinique était évidente quel que soit le traitement, mais était plus importante avec le PRP. La vitesse des ondes de cisaillement est corrélé à l'amélioration de la douleur et peut représenter une mesure complémentaire pour évaluer la guérison de la tendinopathie rotulienne. Les changements des marqueurs quantitatifs T2* UTE suggèrent leur potentiel pour l'évaluation de la réponse au traitement, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier leur applicabilité clinique.
Paco Carmine