La prévention de l'Alzheimer pourrait passer par la lutte contre l'obésité
LUNDI 09 DéCEMBRE 2024
Une étude présentée au congrès de la RSNA 2024 fait état d’un lien entre l’obésité, les dysfonctionnements métaboliques qui en découlent et l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont recommandé des modifications du mode de vie visant à réduire notamment la graisse viscérale et sous-cutanée et ainsi traiter à la base cette maladie neurodégénérative.

Selon l'Association Alzheimer, environ 6,9 millions d'Américains âgés de 65 ans et plus vivent avec la maladie d'Alzheimer, un nombre pourrait atteindre 13 millions d'ici 2050, à moins de progrès médicaux permettant de prévenir ou de guérir la maladie. Avec en premier lieu la modification du mode de vie pour limiter les risques d’obésité et assurer une meilleure répartition des graisses corporelles durant les jeunes années de vie.
Des chercheurs tentent d’identifier un lien entre obésité et apparition de la maladie d’Alzheimer
Des chercheurs américains ont présenté un sujet sur ce thème lors du congrès de la RSNA 2024. Ils se sont concentrés sur le lien entre les facteurs modifiables liés au mode de vie, et la pathologie de la maladie d'Alzheimer. Ce travail a inclus 80 personnes d’âge moyen cognitivement normales (âge moyen : 49,4 ans, femmes : 62,5 %), dont 57,5 % étaient obèses avec un IMC moyen de 32,31. Ils ont fait l’objet d’un TEP, d’une IRM corporelle et d’une évaluation métabolique (glucose, insuline et cholestérol). L’IRM abdominale a servi notamment à mesurer le volume de graisse sous-cutanée et viscérale.
« Nous avons étudié la pathologie de la maladie d'Alzheimer dès la quarantaine, dans les années 40 et 50, lorsqu’elle en est à ses premiers stades et que des modifications potentielles telles que la perte de poids et la réduction de la graisse viscérale sont plus efficaces comme moyen de prévenir ou retarder l'apparition de la maladie, annonce l'auteur principal de l'étude, le Dr Mahsa Dolatshahi, associé de recherche postdoctoral au Mallinckrodt Institute of Radiology (MIR) à la faculté de médecine de l'Université de Washington à St. Louis (Missouri – USA). Nous avons évalué l'IMC, la graisse viscérale, la graisse sous-cutanée, ainsi que la résistance à l'insuline ou le HDL des patients et avons comparé ces paramètres aux dépôts amyloïdes et tau dans la maladie d'Alzheimer ».
Le TEP et l’IRM pour évaluer précisément les volumes de graisse viscérale et sous-cutanée
Des scintigraphies des muscles de la cuisse ont également été utilisées pour mesurer le volume de muscle et de graisse. La pathologie de la maladie d'Alzheimer a été mesurée à l'aide du TEP avec des traceurs qui se lient aux plaques amyloïdes et aux enchevêtrements de protéine Tau qui s'accumulent dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Les résultats ont révélé que des niveaux plus élevés de graisse viscérale étaient liés à une augmentation de l’amyloïde. Les autres types de graisses n’expliquent pas l’augmentation de la pathologie d’Alzheimer liée à l’obésité.
« À notre connaissance, notre étude est la seule à démontrer ces résultats à la quarantaine, où nos participants sont à plusieurs décennies du développement des premiers symptômes de la démence résultant de la maladie d'Alzheimer, ajoute le Dr Dolatshahi. » L’étude a également montré qu’une résistance à l’insuline plus élevée et un taux de HDL plus faible étaient associés à un taux élevé d’amyloïde dans le cerveau. Les effets de la graisse viscérale sur la pathologie amyloïde ont été partiellement réduits chez les personnes ayant un taux de HDL plus élevé.
Des travaux qui pourraient avoir un impact considérable sur la Santé publique américaine
« Une implication clé de notre travail est que la gestion du risque d'Alzheimer en cas d'obésité devra impliquer de cibler les problèmes métaboliques et lipidiques associés qui surviennent souvent avec une graisse corporelle plus élevée », poursuit le co-auteur principal de l'étude, le Pr Cyrus A. Raji, professeur agrégé de radiologie au MIR.
« Ces travaux auront un impact considérable sur la santé publique car près de trois Américains sur quatre sont en surpoids ou obèses, conclut le Dr Raji. Le fait que l’obésité viscérale affecte négativement le cerveau ouvre la possibilité qu’un traitement avec des modifications du mode de vie ou des médicaments amaigrissants appropriés puisse améliorer le flux sanguin cérébral et potentiellement réduire le fardeau et le risque de la maladie d’Alzheimer. »
Paolo Royan