L'IRM pulmonaire hyperpolarisée pour vérifier les troubles cognitifs dus au COVID
VENDREDI 29 NOVEMBRE 2024
Lors du prochain congrès de la RSNA, une étude relative aux échanges gazeux pulmonaires chez les patients touchés par le COVID long sera présentée. Chez ces patients une altération de ces échanges peut être associé à une fonction cognitive altérée, ce que l’étude tend à démontrer.

Le COVID, sous sa forme aigüe, n’est plus qu’un lointain souvenir. Le COVID long, à l’inverse, continue de sévir sur une partie de la population – 17,6% des adultes américains selon le National Center for Health Statistics -, notamment avec des atteintes cérébrales entrainant des difficultés de concentration (« brouillard cérébral »), une modification de l’odorat ou du goût, de la fatigue, des douleurs articulaires ou musculaires, une dyspnée (essoufflement) ou des symptômes digestifs.
Différentes applications de l’IRM pour étudier les échanges gazeux pulmonaires
Des chercheurs de l’Université de l’Iowa à Iowa City (USA) ont entrepris d’évaluer les associations entre les échanges gazeux IRM pulmonaires, l’IRM cérébrale structurelle et fonctionnelle et la cognition chez les patients atteints de COVID long. « C'est la première fois que l'IRM est utilisée pour évaluer conjointement la fonction pulmonaire et cérébrale afin d'étudier leur relation dans le cadre d'un long COVID, précise l'auteur principal de l'étude, le Dr Keegan Staab, assistant de recherche diplômé au Département de radiologie de l'Université de l'Iowa, qui présentera ce travail au RSNA 2024. Cette recherche est nouvelle dans la mesure où elle combine plusieurs types d'imagerie uniques pour étudier une relation multi-organes dans une population malade. »
Le co-auteur principal de l'étude, le Pr Sean B. Fain, vice-président de la recherche au Département de radiologie de l'Université de l'Iowa, estime que « si ces résultats peuvent être généralisés à la population sujette au COVID long, il peut y avoir une relation causale entre le dysfonctionnement cognitif et le dysfonctionnement pulmonaire », suggérant une stratégie de traitement potentielle utilisant des méthodes ciblant l'amélioration des échanges gazeux.
L’IRM pulmonaire hyperpolarisée au Xenon très sensible à la fonction pulmonaire
Pour l’étude, 10 patients de sexe féminin et 2 patients de sexe masculin (âge médian : 59 ans) qui présentaient une dyspnée et/ou une fatigue persistante après la résolution d’une infection aiguë au COVID-19 ont été recrutés dans une clinique post-COVID-19. Une IRM pulmonaire hyperpolarisée au Xenon, une IRM cérébrale structurelle et fonctionnelle, des tests de la fonction pulmonaire et des tests cognitifs ont été réalisés.
« L'IRM 129Xe permet des mesures avancées de la ventilation et des échanges gazeux, ajoute le Dr Staab. La littérature indique également que le 129Xe peut être plus sensible aux lésions pulmonaires que les tests respiratoires standard, ce qui le rend mieux adapté à l’étude du COVID long dans lequel les patients subissent généralement des tests respiratoires normaux. » Les participants à cette étude ont montré une série de difficultés cognitives à l’occasion des tests. « Certains étaient légers et indiquaient un dysfonctionnement léger, tandis que d'autres étaient plus graves et indiquaient que certains patients avaient une réflexion lente et des difficultés à se concentrer plusieurs fois par jour », poursuit-il.
Une relation effective entre échanges pulmonaires modifiés et augmentation de flux sanguin cérébral
Les résultats ont montré qu’un échange gazeux pulmonaire plus faible peut être associé à un dysfonctionnement cognitif, ainsi qu’à des volumes plus faibles de matière grise et de substance blanche chez les patients atteints de COVID long. De plus, les chercheurs ont observé des relations significatives suggérant qu’une augmentation du flux sanguin cérébral est associée à une diminution des échanges gazeux chez les patients atteints de COVID long.
Mais des études plus vastes sont nécessaires pour approfondir les liens entre les échanges gazeux et le flux sanguin cérébral dans les cas de COVID long. « Cette relation pourrait être un mécanisme compensatoire dans lequel une fonction pulmonaire inférieure serait compensée par un débit cardiaque plus élevé et une perfusion cérébrale plus élevée, conclut le Dr Staab. Il est également possible que le mécanisme pathologique qui altère les échanges gazeux pulmonaires conduise également à une perfusion cérébrale plus élevée en raison de lésions vasculaires en aval dans les poumons et le cerveau. »
Paco Carmine