L'IRM fonctionnelle cérébrale objective les bienfaits de la luminothérapie
LUNDI 03 JUIN 2024
La luminothérapie de faible intensité semble avoir un impact sur la guérison du cerveau des personnes ayant subi des lésions cérébrales importantes, selon une étude publiée dans la Revue Radiology. Ce type de traitement pourrait bénéficier à des patients sujets à des troubles psychiatriques légers.

Les lumières de différentes longueurs d’onde sont étudiées depuis des années pour leurs propriétés cicatrisantes pour les lésions cérébrales. Dans une étude publiée dans la Revue Radiology, des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) ont effectué une luminothérapie de faible intensité sur 38 patients ayant subi un traumatisme crânien modéré.
Des chercheurs explorent les effets sur la connectivité cérébrale de la lumière proche de l’infrarouge par IRM fonctionnelle
Les patients ont reçu une luminothérapie dans les 72 heures suivant la blessure grâce à un casque émettant une lumière proche de l’infrarouge. « Le crâne est tout à fait transparent à la lumière proche infrarouge, précise le Pr Rajiv Gupta, du département de radiologie du MGH et co-auteur principal de l'étude. Une fois que vous enfilez le casque, tout votre cerveau baigne dans cette lumière. »
Les chercheurs ont utilisé l’IRM fonctionnelle pour évaluer les effets de la luminothérapie sur ces patients. Ils se sont concentrés sur la connectivité fonctionnelle du cerveau au repos et ont comparé les résultats de l'IRM au cours de trois phases de récupération : la phase aiguë une semaine après la blessure, la phase subaiguë de deux à trois semaines après la blessure et la phase subaiguë tardive de trois mois après la blessure.
Des effets de la lumière à long terme encore à déterminer précisément
Sur les 38 patients participant à l’essai, 21 n’ont pas reçu de luminothérapie lorsqu’ils portaient le casque. Cela a été fait pour servir de contrôle afin de minimiser les biais. Les patients ayant reçu une luminothérapie de faible intensité ont montré un changement plus important dans la connectivité cérébrale au repos dans sept paires de régions cérébrales, au cours de la phase de récupération aiguë à subaiguë, par rapport aux participants témoins.
« Nous avons observé une connectivité accrue chez ceux qui recevaient un traitement de luminothérapie, principalement au cours des deux premières semaines, ajoute le Pr Nathaniel Mercaldo, statisticien au MGH et le co-auteur de l'étude. Nous n'avons pas pu détecter de différences de connectivité entre les deux groupes de traitement à long terme. Ainsi, même si le traitement semble initialement augmenter la connectivité cérébrale, ses effets à long terme restent à déterminer. »
Le mécanisme précis des effets de la luminothérapie sur le cerveau reste également à déterminer. Des recherches antérieures soulignent l’altération d’une enzyme dans les mitochondries de la cellule, ce qui conduit à une production accrue d’adénosine triphosphate, responsable du stockage et du transfert de l’énergie dans les cellules. La luminothérapie a également été associée à la dilatation des vaisseaux sanguins et aux effets anti-inflammatoires.
Un espoir pour le traitement de certains troubles psychiatriques légers
« Il y a encore beaucoup de travail à faire pour comprendre le mécanisme physiologique exact derrière ces effets », poursuit un autre co-auteur de l'étude, le Pr Suk-tak Chan, ingénieur biomédical au MGH. Bien que la connectivité ait augmenté chez les patients traités par luminothérapie pendant les phases aiguës à subaiguës, il n'y avait aucune preuve d'une différence dans les résultats cliniques entre les participants traités et les participants témoins. Des études supplémentaires portant sur de plus grandes cohortes de patients et une imagerie corrélative au-delà de trois mois pourraient aider à déterminer le rôle thérapeutique de la lumière dans les traumatismes crâniens.
Les chercheurs s’attendent à ce que le rôle de la luminothérapie s’étende à mesure que de nouveaux résultats d’études arrivent. La lumière d’une longueur d’onde de 810 nanomètres utilisée dans l’étude est déjà utilisée dans diverses applications thérapeutiques. « Il existe de nombreux troubles de la connectivité, principalement en psychiatrie, dans lesquels cette intervention peut jouer un rôle, conclut le Pr Gupta. Un état de stress post-traumatique, une dépression, un autisme, sont autant de domaines prometteurs pour la luminothérapie dans ce contexte. »
Bruno Benque avec RSNA