RSNA 2023 : Identification d'un biomarqueur musculaire pour les maux de tête primaires
VENDREDI 01 DéCEMBRE 2023
Des chercheurs allemands présentent, lors du RSNA 2023, une étude apportant des preuves objectives de la manière dont les muscles du cou sont impliqués dans les maux de tête primaires. Ces résultats, obtenus par IRM quantitative, pourraient conduire à de meilleurs traitements des céphalées de tension et des migraines en ciblant les douleurs du cou.

Les causes sous-jacentes distinctes des céphalées primaires les plus courantes que sont les céphalées de tension et les migraines ne sont pas encore entièrement comprises.
Céphalées de tension et migraines, fléau des temps modernes aux USA
Les céphalées de tension touchent deux adultes sur trois aux États-Unis, qui ressentent souvent une sensation de serrement dans la tête et une douleur sourde légère à modérée des deux côtés de la tête. Bien que ces maux de tête soient généralement associés au stress et aux tensions musculaires, leur origine exacte n’est pas entièrement comprise.
Les migraines se caractérisent quant à elles par une douleur lancinante intense. Elles surviennent généralement d’un côté de la tête et peuvent également provoquer des nausées, une faiblesse et une sensibilité à la lumière. Selon l’American Migraine Foundation, plus de 37 millions de personnes aux États-Unis souffrent de migraine et jusqu’à 148 millions de personnes dans le monde souffrent de migraine chronique.
Recherche sur les liens entre maux de tête primaires et douleurs cervicales
Les douleurs cervicales sont généralement associées à ces maux de tête primaires. Cependant, il n’existe aucun biomarqueur objectif pour l’implication myofasciale. La douleur myofasciale est associée à une inflammation ou à une irritation du muscle ou du tissu conjonctif (fascia) qui entoure le muscle. Pour essayer d’en savoir plus, le Pr Nico Sollmann, du département de radiologie diagnostique et interventionnelle de l'hôpital universitaire d'Ulm et du département de neuroradiologie diagnostique et interventionnelle de l'hôpital universitaire Rechts der Isar de Munich (Allemagne) a initié une étude, qui est présentée lors du RSNA 2023, dans laquelle l’IRM quantitative est mise à contribution.
L’IRM quantitative pour identifier un biomarqueur des maux de tête primaires
« Notre approche d'imagerie fournit la première preuve objective de l'implication très fréquente des muscles du cou dans les maux de tête primaires, tels que les migraines ou les céphalées de tension, en utilisant la capacité de quantifier une inflammation subtile au sein des muscles », annonce-t-il. Pour cette étude, le Dr Sollmann et ses collègues visaient à étudier l'implication des muscles trapèzes dans les céphalées primaires par IRM quantitative et à explorer les associations entre les valeurs musculaires en T2 et la fréquence des maux de tête et des douleurs cervicales. L'étude prospective comprenait 50 participants, pour la plupart des femmes, âgés de 20 à 31 ans. Dans le groupe d’étude, 16 souffraient de céphalées de tension et 12 souffraient de céphalées de tension accompagnées d’épisodes de migraine. Les groupes ont été appariés à 22 témoins sains.
Des valeurs T2 élevées pour les muscles du cou chez les patients souffrant de céphalées de tension et de migraines
Tous les participants ont subi une IRM 3D turbo-écho de spin. Les muscles trapèzes bilatéraux ont été segmentés manuellement, suivis d'une extraction du muscle en T2. Les associations entre les valeurs T2 musculaires et la présence de douleurs cervicales, le nombre de jours avec maux de tête et le nombre de points déclencheurs myofasciaux déterminés par la palpation manuelle des muscles trapèzes ont été analysées (en ajustant l'âge, le sexe et l'indice de masse corporelle).
Le groupe des céphalées de tension et des migraines a présenté les valeurs musculaires T2 les plus élevées. L'augmentation des valeurs de T2 musculaire pourrait être interprétée comme un substitut d'une inflammation provenant du système nerveux et d'une sensibilité accrue des fibres nerveuses dans les tissus myofasciaux. « Les changements inflammatoires quantifiés des muscles du cou sont en corrélation significative avec le nombre de jours vécus avec des maux de tête et la présence de douleurs cervicales perçues subjectivement, précise le Dr Sollmann. Ces changements nous permettent de faire la différence entre les individus en bonne santé et les patients souffrant de maux de tête primaires. »
Un espoir pour trouver un traitement de la douleur du cou afin de limiter les maux de tête primaires
La cartographie musculaire T2 pourrait être utilisée pour stratifier les patients souffrant de céphalées primaires et pour suivre les effets potentiels du traitement à des fins de surveillance. « Nos résultats confirment le rôle des muscles du cou dans la physiopathologie des maux de tête primaires, poursuit-il. Par conséquent, les traitements ciblant les muscles du cou pourraient entraîner un soulagement simultané des douleurs au cou ainsi que des maux de tête. »
Le Dr Sollmann a souligné que les options de traitement non invasives ciblant directement le site de la douleur dans les muscles du cou pourraient être très efficaces et plus sûres que les médicaments systémiques. « Notre approche d'imagerie avec la fourniture d'un biomarqueur objectif pourrait faciliter le suivi thérapeutique et la sélection des patients pour certains traitements dans un avenir proche », a-t-il conclu.
Bruno Benque avec RSNA