L'IRM aide à différentier les atteintes myocardiques liées au COVID-19
MERCREDI 17 MAI 2023
L’infection au COVID-19 est susceptible de provoquer des cardiomyopathies aux formes diverses. Une étude égyptienne publiée dans la Revue European Radiology montre comment l’IRM avec injection de gadolinium tardif peut, en complément de biomarqueurs spécifiques, différentier ces différentes atteintes myocardiques.

L'IRM cardiaque avec injection tardive de gadolinium est la modalité de choix pour le bilan de l'atteinte myocardique, avec notamment une cartographie T1 et T2 pour augmenter la précision du diagnostic.
Différentes formes de cardiomyopathie aux signes cliniques semblables
Certains cas de syndrome de type COVID de myocardite aiguë ont été signalés à partir de 2020, ainsi que, parfois, une vascularite de type Kawasaki ou une thromboembolie artérielle et veineuse systémique. Généralement, la présentation clinique de la myocardite varie de symptômes légers, tels que fatigue et dyspnée, à une évolution fulminante avec insuffisance cardiaque et choc cardiogénique. Quant à la cardiomyopathie de Takotsubo, elle présente une hypokinésie transitoire de l'apex du ventricule gauche et est associée à un stress émotionnel ou physique. Elle est causée par une poussée de catécholamines, qui est également observée dans la maladie COVID-19.
L'imagerie joue ici un rôle majeur grâce à une visualisation anatomique détaillée, une précision quantitative et une évaluation volumétrique et fonctionnelle. Les techniques de cartographie T1 et T2 ont été explorées à la recherche de marqueurs plus quantitatifs et objectifs de l'inflammation dans la myocardite pour augmenter la précision du diagnostic. Leurs valeurs sont reconnues non seulement comme des biomarqueurs robustes pour le diagnostic des cardiomyopathies mais aussi comme des facteurs prédictifs pour le suivi et le pronostic des traitements.
Utiliser l’IRM pour différentier ces différentes formes d’atteinte myocardique
Une étude égyptienne publiée dans la Revue European Radiology vise à caractériser les différents aspects de la lésion myocardique chez les patients infectés par le COVID-19 à l'aide de biomarqueurs cardiaques et d'imagerie cardiaque, avec un focus sur l'IRM cardiaque comme modalité de choix pour différencier les différents aspects de la lésion myocardique liée au COVID. Cette étude rétrospective descriptive a inclus 86 cas, avec un antécédent d'infection au COVID-19 confirmé par une RT-PCR positive.
Les patients présentaient des douleurs thoraciques progressives ou une dyspnée avec une cause cardiaque sous-jacente suspectée, soit par un électrocardiogramme anormal, soit par des taux élevés de troponine (High-sensitivity cardiac troponin T et high-sensitivity cardiac troponin I – hsTnT et hsTnI). L'IRM cardiaque avec injection tardive de produit de contraste a été réalisée, suivie d'une cartographie T1 et T2.
Une étude confirme la pertinence de l’IRM cardiaque avec injection de gadolinium tardif pour identifier les différentes lésions
Au total, vingt-quatre patients avaient une hsTnT élevée avec une valeur médiane de 133 ng/L (valeur normale < 14 ng/L) et soixante-deux autres patients ont montré une hsTnI élevée avec une valeur médiane de hsTnI de 1637 ng/L (valeur normale < 40 ng/L). L'IRM a montré 52 patients avec une myocardite aiguë, 23 avec une cardiomyopathie de Takotsubo et 11 avec un infarctus du myocarde.
On peut donc en conclure que l’IRM permet de distinguer les différentes lésions cardiaques liées au COVID-19, alors que celles-ci peuvent provoquer des symptômes cliniques similaires. L'IRM cardiaque est la modalité de choix pour différencier ces différents types de lésions, telles que la cardiomyopathie de Takotsubo et la cardiomyopathie infectieuse, voire le syndrome coronarien aigu secondaire à une vascularite ou à une inadéquation de la demande en oxygène.
Bruno Benque avec European Radiology