Récidives locales du sarcome des tissus mous MSK : l'IRM montre sa supériorité
MARDI 07 FéVRIER 2023
Selon une étude canadienne publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), la surveillance basée sur l'IRM après le traitement chirurgical des sarcomes musculo-squelettiques des tissus mous (STM) montre une utilité pour détecter les récidives locales cliniquement silencieuses. Bien qu’elle soit controversée dans ce contexte, l’IRM montre, dans ce travail de recherche, sa supériorité sur tout autre examen.

Les sarcomes des tissus mous (STM) représentent un groupe de tumeurs mésenchymateuses hétérogènes rares, apparaissant le plus souvent dans les extrémités. Le traitement consiste principalement en une intervention chirurgicale, souvent associée à une radiothérapie et parfois à une chimiothérapie.
L’IRM ne fait pas consensus quant à son utilité pour le suivi les récidives locales de STM musculo-squelettiques
Une récidive locale est rapportée chez jusqu'à un tiers des patients, les rechutes survenant le plus souvent dans les 2 premières années après le traitement. Mais une nouvelle intervention, parfois associée à une radiothérapie, peut fréquemment rétablir le contrôle local de la maladie et permettre une survie à long terme. La détection précoce d’une peut faciliter une prise en charge réussie et réduire la mortalité et la morbidité fonctionnelle. Le suivi se fait par IRM, qui peut détecter des récidives locales qui sont cliniquement silencieuses. D'un autre côté, faire la distinction, via l’IRM, entre la récidive et les remaniements post-traitement peut être difficile, entraînant potentiellement des examens supplémentaires.
Plusieurs sons de cloche sont émis selon les écoles. Des recherches suggèrent que la plupart des récidives locales peuvent être détectés cliniquement, ce qui rend l'IRM inutile pour la surveillance de routine. Les directives concernant le suivi des STM musculo-squelettiques divergent également, qu’elles soient éditées par le National Comprehensive Cancer Network (NCCN) ou l’European Society of Medical Oncology (ESMO). Les directives du NCCN notent que « dans les situations où la zone est facilement suivie par un examen physique, l'imagerie peut ne pas être nécessaire », contrairement aux directives de l'ESMO qui prônent plutôt « l'utilisation de l'IRM pour détecter une rechute locale dans les extrémités et le tronc superficiel est susceptible de détecter des récidives plus tôt que les autres modalités d'évaluation ».
Une étude canadienne établit la supériorité de l’IRM sur tout autre examen clinique ou issu d’une autre modalité
Une étude canadienne récente publiée dans l’American Journal of Roentgenology tente d’y voir plus clair. « Lorsqu'elle est utilisée à haute intensité, la surveillance basée sur l'IRM peut détecter de nombreuses récidives locales cliniquement occultes, bien que les études soient petites, parfois contradictoires et souvent de mauvaise qualité, remarque l'auteur principal de cette étude, le Dr Natalia Gorelik, du département de radiologie diagnostique de Centre universitaire de santé McGill à Montréal - Québec, Canada -. Un bénéfice de survie pourrait être associé à l'utilisation de l'imagerie, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer la causalité de toute différence de survie observée. »
Dans cette revue systématique et méta-analyse, le Gorelik et son équipe ont effectué une recherche systématique dans plusieurs bases de données électroniques jusqu'en novembre 2022 pour des essais contrôlés et des études de cohorte sur l'utilité de la surveillance par IRM pour les STM musculo-squelettiques. Au total, 4 821 titres et résumés uniques ont été identifiés. Après sélection de l'éligibilité et échantillonnage boule de neige, 19 études ont été incluses, toutes des cohortes rétrospectives.
En fin de compte, lorsque la surveillance par IRM des STM musculo-squelettiques a été utilisée à haute intensité - au moins un examen local d'imagerie de surveillance pour les tumeurs à faible risque, ainsi qu'au moins trois pour les tumeurs à haut risque au cours des 2 premières années post-traitement -, 53 % des récidives locales ont été découvertes avec l'IRM. Quatre études ont rapporté des tendances vers une meilleure survie pour les récidives détectées par imagerie ou avec une utilisation plus fréquente de l'imagerie.
« Bien qu'il soit difficile de tirer des conclusions définitives sur la valeur de la surveillance par IRM, cette étude fournit un aperçu complet des preuves disponibles sur le sujet », concluent les auteurs.
Bruno Benque avec AJR